Dans ce récit, l’auteur1 nous embarque dans un projet théâtral avec des hommes et des femmes qui sont dans toutes sortes de précarités et qui vont surmonter les obstacles communs ou propres à chacun et devenir les comédiens de ce projet. Il nous fait vivre au long des pages ce qui est également son chemin de vie, le choix d’une pratique artistique possédant une dimension sociale, loin de sa formation et de son potentiel reconnu dans les mathématiques.
À travers les histoires de vie de ces comédiens, le lecteur découvre les personnes, tout comme ils se sont découverts entre eux jusqu’à se choisir un nom de troupe, les Mange-Cafard, car « autant prendre ce qui est grave par la dérision ».
La première phase de travail de l’auteur « consiste à libérer les éventuels blocages afin de retrouver une liberté de mouvement, de parole… ».
Le processus de création se poursuit par la recherche de personnages, l’improvisation où les comédiens découvrent leur personnage intérieur. Les blocages à surmonter sont nombreux parfois dramatiques, parfois absurdes ou risibles.
Mais le projet n’est pas un atelier d’expression, il a une exigence artistique : apprentissage du texte, recherche de la spontanéité des improvisations, appropriation du décor… De nouvelles difficultés surviennent : la crainte de la proximité physique, la sensibilité à fleur de peau, la santé, le malentendu, et pour beaucoup la fatigue, le stress, des passages à vide mais le rythme des répétitions, la réalisation commune, cette mise en action leur permet de tenir.
Vient le moment de la scène, il faut oser s’avancer face au public, encore une étape à franchir ; des difficultés évoluent en fonction de cette nouvelle situation, elles seront surmontées toujours individuellement ou collectivement. Ils joueront dans des festivals et sur de grandes scènes, partiront en tournée en France et en Belgique. Depuis vingt-cinq ans, une cinquantaine d’hommes et de femmes aux fragilités diverses sont passées par la troupe des Mange-Cafard.
Avec Debout Ensemble le lecteur partage les mondes et les histoires de ces autres constamment confrontés à la négation de toute identité et de toute grandeur et qui disent être sortis de cette aventure avec le sentiment d’être plus forts. À propos de Pierre, malade, que la troupe avait laissé seul sous les applaudissements de la salle, Martina dira : « C’était comme s’il avait été félicité de son existence ».