Mener des études participatives avec des populations très pauvres est loin d’être facile. Et d’abord parce que être pauvre, c’est faire partie d’une minorité stigmatisée, tellement stigmatisée qu’elle a intégré tous les qualificatifs insultants qui la désignent.
Dans la réalité des personnes très pauvres que j’ai rencontrées, pour ces jeunes qui sont exclus de l’école « parce qu’ils ne veulent rien faire », pour ces familles qui sont expulsées pour loyers impayés, pour ces parents dont les enfants sont placés, les sentiments qui dominent ne sont pas liés à une perception d’injustice ou d’inégalité. Ce qui domine, c’est la honte et la culpabilité.
« J’ai peur qu’on m’appelle pauvre » me disait une jeune femme. Et la semaine dernière un homme qui participe à l’Espace Collaboratif Croiser les savoirs avec toutes et tous me disait :
« Pour nous, à qui on a toujours dit qu’on était des incapables, dire qu’on est capables de coproduire de la connaissance, le pas est énorme. Et il faut comme...
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