Dix chapitres aux titres romanesques et une coda pour parcourir en tous sens, à la manière d’un vol de papillon, la diversité foisonnante de l’histoire des migrations dans les règnes végétal, animal et humain. Sonia Shah, journaliste scientifique, alterne de façon permanente entre des études scientifiques, des interviews de chercheurs, des expériences personnelles, des analyses de lois et de leurs conséquences, des reportages…, sans souci de chronologie ni d’ordonnancement, à l’image de la thèse défendue : le déplacement constitue un mécanisme de survie inhérent à toutes les espèces vivantes, même à celles qui semblent les plus immobiles. Présenter l’entre-soi, la stabilité, comme une valeur est un contresens total par rapport au fonctionnement de la vie. Et pourtant, la stabilité a été et reste la valeur défendue par de nombreuses recherches scientifiques, souvent commandées par des projets politiques pour servir de caution à leurs choix, et appuyées par des courants de société hostiles à tout ce qui est « autre ». Ainsi s’érigent les murs, les frontières, les lois anti-immigration, et les idées reçues sur la dangerosité du métissage pour la santé, pour la biodiversité, pour l’équilibre des sociétés…, alors que toutes les espèces se sont toujours protégées en s’appuyant les unes sur les autres.
Le livre s’attache ainsi à démontrer que, non seulement les classifications et hiérarchisations des espèces reposent sur des données fausses, mais que toutes les mesures prises pour éviter les croisements et les déplacements sont vaines. Rien n’empêchera aucune espèce, en particulier celle des humains, de passer des frontières. Et les États auraient tout à gagner à accueillir les migrants plutôt qu’à déployer un arsenal coûteux, inutile et surtout responsable de centaines de morts chaque année.
Retrouvez cette note de lecture et bien d’autres dans la bibliographie de la grande pauvreté proposée par ATD Quart Monde