Les Universités populaires Quart Monde

Martine Hosselet-Herbignat

p. 2

References

Bibliographical reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Les Universités populaires Quart Monde », Revue Quart Monde, 272 | 2024/4, 2.

Electronic reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Les Universités populaires Quart Monde », Revue Quart Monde [Online], 272 | 2024/4, Online since 01 December 2024, connection on 12 January 2025. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11531

Avec des hauts et des bas, l’histoire des Universités populaires en France couvre 125 ans de visées culturelles émancipatrices, de 1899 à aujourd’hui1. Née de la volonté d’intellectuels souhaitant « aller au peuple », cette histoire est pourtant faite de rencontres manquées, le public ouvrier et populaire restant largement absent de ces assemblées.

Joseph Wresinski et les volontaires du Mouvement ATD Quart Monde ont apporté un nouveau regard sur ces questions2. Sur la lancée de Mai 68 en France, ils développent le projet de construire des savoirs qui émanent des plus fragiles, et non seulement des experts reconnus. « Le pauvre qui n’aura pas été introduit dans l’intelligence des hommes ne sera pas introduit dans leurs cités. Tant que le pauvre n’est pas écouté, que les responsables de l’organisation d’une cité ne s’instruisent pas de lui et de son monde, les mesures prises pour lui ne seront que des gestes par à-coups, répondant à des exigences superficielles et d’opportunité. »3

Les rencontres d’Universités populaires Quart Monde (UPQM) nécessitent une « ingénierie », une éthique, un processus particuliers et précis pour que soient réunies au maximum les conditions favorables à l’émergence de ce nouveau savoir. « J’avais peur parce que je me demandais ce que j’allais dire, comme je ne sais pas lire et pas écrire, mais [j’ai été] accueilli les bras ouverts. Ça permet aux gens d’avoir la chance de s’exprimer, de se sentir libres, à l’aise. Il n’y a qu’à ATD Quart Monde qu’on a une liberté d’expression. »4

Depuis les années 1970, la dynamique de formation créée par les UPQM s’est étendue et diversifiée. Sur tous les continents, cette construction collective du savoir réunit des personnes confrontées elles-mêmes à la grande pauvreté - dont certaines sont devenues militantes du Mouvement -, des volontaires permanents et des alliés venant de divers horizons. Selon les sujets abordés - qui peuvent être très variés -, des invités sont conviés à venir écouter et débattre avec les participants : représentants des pouvoirs publics qui considèrent l’UPQM comme un lieu d’initiative et de propositions nécessaires à la démocratie5 ; professionnels telle Ilaria Fontana, danseuse contemporaine, dialoguant sur le sujet du Corps en mouvement. Le dispositif de réflexion des UPQM constitue un socle pour l’action politique du Mouvement, notamment au Luxembourg et au Québec, tandis que les participants de l’île Maurice expérimentent depuis des années un partenariat actif avec d’autres ONGS. Apprendre à se parler, pour l’émancipation collective de tout un milieu.

1 Voir l’article de Christian Verrier, p. 3.

2 Voir l’article de Françoise Ferrand Vander-Elst, p. 7.

3 Citation de Joseph Wresinski, in Defraigne Tardieu Geneviève, L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, Nanterre

4 Mario Maudarbacus, participant à l’UPQM de l’île Maurice. Voir l’article p. 33.

5 Patrice Bessac, maire de Montreuil (Île-de-France), en témoigne p. 30.

1 Voir l’article de Christian Verrier, p. 3.

2 Voir l’article de Françoise Ferrand Vander-Elst, p. 7.

3 Citation de Joseph Wresinski, in Defraigne Tardieu Geneviève, L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, Nanterre, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2012, p. 8. Voir son article en p. 13 de ce dossier.

4 Mario Maudarbacus, participant à l’UPQM de l’île Maurice. Voir l’article p. 33.

5 Patrice Bessac, maire de Montreuil (Île-de-France), en témoigne p. 30.

Martine Hosselet-Herbignat

By this author

CC BY-NC-ND