26 mars. Sartrouville, un jeune beur tué par balle.
Je suis à la cité des Indes, trois semaines après. C'est le deuil. Djemel avait dix-huit ans et tous les jeunes le connaissaient : les petits sont tristes et disent seulement : « C'est injuste » ; les aînés, blessés par les médias, tournent le dos et fuient les visiteurs.
Seul Azdil, sur la place, accepte de parler. Mais il hésite encore entre la soif de vengeance et le désir d'honorer la mémoire de Djemel.
Pourtant, du flot des mots de colère qui l'emporte, affleurent des souvenirs : ceux des « grandes mains » de Djemel, qui, un jour, ont serré les siennes. « Ah ! sa poignée de main... ! » A bout de mots, soudain vaincu par l'émotion, Azdil est contraint au silence. A un instant de silence, qui, mieux que tous les mots, révèle soudain la belle et généreuse amitié de Djemel. Jusqu'à la rendre présente.
Déjà connue de tous, mais restée secrète, la vérité de Djemel est enfin mise au jour.
La cité des Indes peut-elle encore désespérer ?