Le film1 commence par une scène montrant un homme âgé et jovial expliquant à la caméra que l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin ne devrait pas être racontée à des enfants… Il considère que le message délivré par ce conte est la justification, par la peur du loup, d’un enfermement prolongé et volontaire dans un enclos, la justification du renoncement à la liberté de « vivre ». On a d’emblée le fil directeur du film. Monsieur Christian des Pallières, qui parle ainsi, s’est libéré des carcans de son milieu, ou de ses habitudes « socio-culturelles ». Il a suivi son désir profond, épaulé par sa femme, Marie-France. Ce couple, d’abord montré comme couple de voyageurs « originaux » à la recherche, avec leurs qatre enfants, de mondes et de cultures inconnus, est devenu une figure mythique du Cambodge. En effet la rencontre d’autres enfants sur la décharge de Phnom-Penh a totalement changé l’orientation de leur vie, à soixante ans. Christian et Marie-France ont créé une ONG : Pour un sourire d’enfant.
« PSE a débuté ce jour d’octobre 1995 où nous avons vu des enfants manger dans les ordures de la décharge de Stung Meanchey, à Phnom-Penh. C’était à hurler ! Il n’était pas possible, après avoir vu cela, de continuer à vivre normalement. Il fallait faire quelque chose ! ». Cette ONG a répondu à la première demande des enfants : « avoir un repas par jour ». Puis elle a proposé la scolarisation des enfants en construisant des écoles pas très loin de la décharge. Dix mille enfants ont ainsi été « sauvés » en vingt ans.
Ce film documentaire jugé par la presse poignant, merveilleux, magnifique, l’est surtout par l’engagement d’un couple à une cause, et par l’énergie que ces personnes mettent à réaliser leur projet, construit petit à petit, avec les enfants de cette décharge.
Mais le film est par ailleurs terrifiant. Les images des enfants dans la décharge sont très dures, insoutenables. Leurs récits glacent le sang.
Pour donner un métier aux enfants, Monsieur des Pallières a également ouvert des écoles professionnelles, et notamment une école de cinéma qui n’existait plus au Cambodge après les exactions des Khmers rouges. Ce sont des jeunes gens, passés par cette école après avoir travaillé sur la décharge, qui ont participé au tournage du documentaire. Cette proximité explique sans doute le grand réalisme du film.
Les pépites est un film dur, difficile à regarder, comme l’était - autre film remarquable inspiré de faits réels - Le fils de Saül2, sur le camp d’Auschwitz-Birkenau. Mais il faut voir les deux.