Jacques Quintin (sous la direction de), Vérité de soi et quête de sens. Le récit de vie dans la relation de soin.

Éd. Liber, Montréal, 2014, 75 p.

Patrick Brun

p. 60-61

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Jacques Quintin (sous la direction de), Vérité de soi et quête de sens. Le récit de vie dans la relation de soin. Éd. Liber, Montréal, 2014, 75 p.

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Patrick Brun, « Jacques Quintin (sous la direction de), Vérité de soi et quête de sens. Le récit de vie dans la relation de soin. », Revue Quart Monde, 234 | 2015/2, 60-61.

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Patrick Brun, « Jacques Quintin (sous la direction de), Vérité de soi et quête de sens. Le récit de vie dans la relation de soin. », Revue Quart Monde [En ligne], 234 | 2015/2, mis en ligne le 01 décembre 2015, consulté le 19 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7851

Nous avons tous, comme patients, déploré une certaine déshumanisation de la médecine liée notamment aux progrès de la technologie, l’échange oral avec le médecin étant de plus en plus médiatisé par l’investigation des équipements. C’est pourquoi il est réconfortant de voir apparaître (nous sommes au Québec !) une médecine narrative. C’est le propos de ce livre qui présente le récit, non seulement comme l’étape initiale de la rencontre entre médecin et patient, mais comme une élaboration et une construction de sens partagés sur le processus de soin et les transformations induites par la maladie physique et/ou psychique.

Le dialogue entre médecin et patient est un croisement entre deux récits (mais il peut y en avoir d’autres dans le cas d’un travail d’équipe qui associe un travailleur social ou /un psychologue) : celui du diagnostic et de la thérapie. Le patient devient alors co-acteur du processus, tant dans la phase initiale que dans l’étape de la reconstruction du sujet. Le soignant n’est plus alors seul interprète des éléments qui lui sont présentés mais « il est celui qui rend possible l’acte de raconter »

Le livre comporte deux parties, chacune présentant plusieurs contributions d’auteurs différents, philosophes, médecins, psychologues et même travailleurs sociaux, diversité qui est signifiante de la collégialité à l’œuvre dans une approche humaniste de la médecine. Le « prendre soin » fait en effet partie des nouvelles dispositions de l’éthique clinicienne.

La première partie explore les différentes dimensions de la relation dialogale en insistant sur les effets de sens et sur la question de la vérité. Tandis que le médecin est supposé traduire une vérité scientifique, celle du patient est toujours suspectée de subjectivité. Peut-être même a-t-elle été forgée pour l’interlocuteur.

La deuxième partie concerne les applications. Elle nous donne à voir l’utilisation des récits de vie dans des situations médicales mais aussi la clinique du social, dans les difficultés que rencontrent les immigrants récents. L’avant dernier chapitre nous convie au récit croisé d’une patiente souffrant intensément des séquelles d’un accouchement particulièrement violent et de deux médecins au cours d’un accompagnement qui donne toute sa place au dialogue.

On regrettera l’absence d’une conclusion qui reprenne les éléments les plus importants de cette nouvelle « culture » de la relation médicale et sociale, identifie les obstacles et définisse les conditions de sa mise en œuvre. L’ouvrage gagnerait à aborder la formation des professionnels et les contraintes institutionnelles. Assistons-nous au retour du primat de l’éthique sur le technique ? On ne peut que souhaiter que ces pratiques fassent école en Europe.

Patrick Brun

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