Les droits de l’homme : une affaire de courage humain

Isabelle Pypaert Perrin

p. 1

Citer cet article

Référence papier

Isabelle Pypaert Perrin, « Les droits de l’homme : une affaire de courage humain », Revue Quart Monde, 249 | 2019/1, 1.

Référence électronique

Isabelle Pypaert Perrin, « Les droits de l’homme : une affaire de courage humain », Revue Quart Monde [En ligne], 249 | 2019/1, mis en ligne le 01 septembre 2019, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7923

En adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme, après la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, le monde et les États ont dit leur refus de l’écrasement de l’être humain par d’autres êtres humains. Ils ont affirmé que tout homme est un homme1.

Et pourtant, encore aujourd’hui, dans les villes comme dans les campagnes, au Sud comme au Nord, à l’Est comme à l’Ouest, les personnes en situation de grande pauvreté nous disent : « Les droits de l’homme ne sont pas arrivés jusque chez nous. Nous ne sommes pas respectés. Notre dignité n’est pas reconnue. Les autres ne nous voient pas, c’est comme si nous n’existions pas. »

Dans certains pays, les droits se transforment pour les personnes et les familles les plus pauvres en une aide punitive. Une mère de famille qui a recueilli son fils lorsque celui-ci a perdu son logement s’entend dire par les autorités : « On réduit votre aide sociale. Prévenez-nous lorsque vous l’aurez mis dehors ! » Ailleurs, des familles sont chassées des villes au nom du développement. « Depuis que nous avons été déplacés loin de la ville, la faim est revenue. Ici, il n’y a ni travail, ni école, pas de centre de santé et même pas un lieu de prière. On ne tient que parce qu’on s’entraide » dit un père de famille. D’autres encore se retrouvent dans des zones inondables, dans des lieux pollués et dangereux, comme ces habitants d’un quartier où l’eau croupie stagne en permanence. Par des chantiers collectifs, ils s’efforcent de créer des chemins, de drainer des rigoles. Chaque jour, sans relâche, ils font face. Comme eux, d’autres à travers le monde résistent, tissent des solidarités, inventent des possibles, avant tout pour les enfants. Sans moyens, ils continuent de partager, de faire de la place. Ils accueillent en grand nombre dans leurs quartiers, où ils sont déjà tellement à l’étroit, des jeunes ou même des familles obligés de quitter leur terre natale pour chercher la vie ailleurs. Là où il y a de la richesse, l’hospitalité paraît encore bien frileuse et calculatrice.

Comment aider notre monde contemporain à se reconnaître dans ce courage quotidien, persévérant, que déploient les plus pauvres d’entre nous ?

Quelque temps avant le 17 octobre 1987, le père Joseph Wresinski disait : « Grâce à vous, les familles du Quart Monde, pour nous les droits de l’homme existent seulement s’ils sont assurés jusque dans la famille la plus méprisée. Ils sont assurés, garantis au fil du temps, quand ils ne sont pas seulement dans les lois mais d’abord dans le cœur et la vie personnelle des êtres humains. Les droits de l’homme sont d’abord une affaire de femmes et d’hommes. »

1 Extrait de son message à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre 2018.

1 Extrait de son message à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre 2018.

Isabelle Pypaert Perrin

Isabelle Pypaert Perrin est déléguée générale du Mouvement international ATD Quart Monde.

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND