Au cours de son expérience de prêtre ouvrier, Philippe Maillard avait pressenti une attente informulée de l’Evangile dans ce milieu. C’est ainsi qu’à 58 ans, après 35 ans de vie dominicaine, alors qu’il animait le Centre culturel de la Sainte-Baume, il a souhaité finir sa vie au milieu des pauvres.
Il s’installe à Lille dans un quartier de misère. Il découvre un « Dieu qui s’identifie avec le désert de l’âme et de la vie », et il expérimente l’impuissance radicale face à la misère.
Quelques témoignages introduisent à la détresse de ces familles. Lorsqu’il lui est demandé de les quitter pour assurer l’aumônerie d’une prison, il se laisse convaincre : « De toutes façons, vous y retrouverez les vôtres. »
Face à la détresse des prisonniers, il affirme que « celui qui n’a pas éprouvé dans la nuit de l’agonie, la terrible tentation de la violence, ne sait rien de Jésus, ni de la vie. » Pour lui, 1’ « Évangile, c’est l’anti fatalité des hommes qui se mettent debout. »
De ses amis « enfermés », il apprend une chose : se convertir, pour eux, c’est renoncer à la haine. Le pardon est facile de haut en bas, très dur de bas en haut.
Philippe Maillard constate que survient « pour certains, un jour, la rencontre avec le Christ. Etant sans illusion, ils perçoivent l’enjeu de l’Evangile, son exigence de totale conversion. Celui qui bascule dans la Foi avec intensité apprend à pardonner, peut parler comme un homme libre. »
Avec les prisonniers, il a peur, il a honte, il se révolte, il est blessé dans l’âme. Il apprend d’eux que l’Évangile est moins de l’ordre de l’efficacité que de la fécondité.
L’auteur conclut : « La Vie, c’est d’être solidaire, de s’identifier à un peuple, de participer aussi à cette incroyable capacité qu’il a de repartir à nouveau. »
Tout au long du livre, la relation des étapes de la vie de l’auteur, les témoignages de pauvreté, de l’enfermement de la prison, sont ponctués (souvent de manière inattendue) par de nombreuses citations bibliques ou de l’Evangile. Cela crée toujours un éclairage nouveau sur Dieu et sur la vie des pauvres. C’est ainsi que Philippe Maillard dédie son ouvrage à « ses frères en prison » qui lui auront appris « l’Evangile de la colère et de la tendresse ».