Marie-Christine Helgerson, Dans les cheminées de Paris

Castor Poche-Flammarion junior, Paris, 204 pages

Michèle Grenot

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Marie-Christine Helgerson, Dans les cheminées de Paris, Castor Poche-Flammarion junior, Paris, 204 pages

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Michèle Grenot, « Marie-Christine Helgerson, Dans les cheminées de Paris », Revue Quart Monde [En ligne], 133 | 1989/4, mis en ligne le 18 mai 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8888

1789 : La vie est rude à Albiez en Savoie. Benoît, huit ans, garde les vaches dans les alpages en été, il apprend déjà à résister à la peur quand survient l'orage et que « le ciel court en enfer. » Mais il appréhende beaucoup plus l'arrivée de l'hiver : le village paralysé par la neige, il n'y a guère de travail. Il sait que Ambroise Tronel, le maître ramoneur, va venir chercher les enfants bien portants du village, pour travailler à Paris. Seul Sébastien, infirme, ne partira pas, on l'enverra mendier. Ambroise connaît bien les soucis des parents : « Trop de bouches et pas assez d'argent. Pas assez d'argent et trop d'impôts. Trop d'impôts et rien à vendre. »

L'hiver est là : les voilà partis, pour une rude aventure. Il faut marcher de longues journées et, arrivés dans les villages ou les villes, trouver un travail ou mendier pour manger et dormir - les bons jours sur de la paille (on en garde un peu pour mettre dans les sabots), les mauvais à même le sol. Arrivés à Paris, ils connaissent la peur de la « nuit des cheminées », la suie colle à la peau et fait mal. Ils peuvent ramoner trente cheminées par jour, comme aucune ; il faut alors « décrotter » ou « cirer les parquets » ou mendier. Nicolas, lui, a choisi de voler : il ne veut pas finit par « crever sur un toit. »

Au moment de Noël, l'espoir renaît : une marchande de pains d'épices donne une friandise à Benoît et l'adresse de « l'Oeuvre des petits savoyards. » Là, un abbé lui apprend à lire ainsi qu'à son frère aîné Claude. Leur vie change, ils ne se voient plus de la même façon : cette femme et cet homme ont posé un autre regard sur eux.

Claude a toute une pensée sur la répartition des droits, il est très conscient des différences. Déjà au village, il se révoltait contre les droits des seigneurs sur les paysans et rêvait de pouvoir, un jour, acheter une terre.

Il essayait d'initier son frère aux Droits de l'homme mais Benoît ne croyait pas qu'ils soient les mêmes pour tous. Il se souvenait qu'un des leurs avait été renversé et blessé grièvement par un fiacre. L'homme dans ce fiacre avait jeté quelques piécettes et continué son chemin. « Ça te paraît juste qu'il y ait des gens qui puissent accrocher les autres et avoir la paix, simplement parce qu'ils ont de l'argent ? »

Claude voulait être le porte-parole des mécontents et parler pour qu'on les entende. Benoît lui répliquait : « Qui t'écoutera, toi, un ramoneur ? Si tu tombes des cheminées, qui va s'inquiéter ? » « Personne, répondait Claude, mais justement les choses vont changer. »

L'auteur, en nous racontant l'histoire vraie des petits ramoneurs nous introduit au cœur de ce à quoi tout homme, toute femme, tout enfant de la misère aspire : une vie digne, et nous explique ainsi ce que Droit de l'homme signifie.

Michèle Grenot

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