Marie-Caroline Saglio-Yatzimirky, Intouchable Bombay

Ed. du CNRS, Paris, 2002, 326 p.

Jean-Jacques Boureau

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Marie-Caroline Saglio-Yatzimirky, Intouchable Bombay, Ed. du CNRS, Paris, 2002, 326 p.

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Jean-Jacques Boureau, « Marie-Caroline Saglio-Yatzimirky, Intouchable Bombay », Revue Quart Monde [En ligne], 185 | 2003/1, mis en ligne le 01 juillet 2003, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9265

Dans cet ouvrage, l’auteur, après plusieurs mois de présence sur le terrain, nous propose une étude du plus grand bidonville d’Asie : Dharavi, situé dans le centre ville de Bombay. Ce bidonville est composé d’une population d’intouchables et de musulmans de bas statut spécialisés dans le travail du cuir. Une étude pour nous montrer comment s’organise la vie dans cet ensemble de sept cent mille personnes issues d’une histoire, de cultures et de religions bien spécifiques et aux prises avec une évolution liée à l’économie de marché à laquelle elles doivent faire face.

L’auteur part de quatre orientations qui conditionnent la présentation du livre : l’inscription dans le territoire, la participation économique, l’organisation sociale et les comportements politiques de ces populations.

Pour comprendre, il faut connaître. En effet nous sommes loin de nos catégories occidentales, aussi le livre nous apporte-t-il des renseignements précieux concernant les ethnies, les castes (17 dans ce bidonville), les « dogmes religieux », les intouchables, le retour de l’hindouisme « pur et dur » et l’évolution de toutes ces notions dans un contexte de mondialisation, de démocratie et de décolonisation.

La première partie du livre traite de la naissance de Dharavi. Ce bidonville, issu de la migration du travail, a abouti à un espace de vie très organisé avec un lien social unique. La deuxième partie aborde la question des intouchables qui ne sont pas forcément les plus exploités, les immigrés et les pauvres étant finalement ceux du bas de l’échelle, intouchables ou non. Ces castes qui structurent le bidonville, supportent l’exclusion et la pauvreté, mais la vie moderne modifie profondément cette situation. La troisième partie traite du travail et montre en particulier comment son organisation permet au petit artisan d’être relié au marché international. Enfin la quatrième partie aborde le champ du politique. L’électorat du bidonville est courtisé mais le risque de récupération politique est bien présent et avec elle la perte de liberté politique de ces populations.

L’avenir de ce bidonville est sans doute de disparaître ou plutôt de se déplacer pour faire place à un quartier résidentiel, les politiques urbaines de ces grandes métropoles étant déterminantes pour ces habitants.

Ce livre, facile à lire, est très intéressant car à travers cet exemple précis, c’est la vie indienne et l’évolution de cette société multiethnique et religieuse que nous fait aborder l’auteur avec l’occasion d’une réflexion loin de nos idées préconçues.

Concluons avec l’auteur : « que le lecteur n’oublie jamais à travers les distances de ces pages, que ce livre brasse d’abord la représentation de milliers d’âmes qui se battent, s’échinent, se tuent à survivre. »

Jean-Jacques Boureau

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