185 | 2003/1Apprendre : le désir et le droit

« Et s’il y avait des enfants qui refusaient d’apprendre ? La question, provocante, méritait d’être creusée. Les circonstances de la vie, la misère en particulier, peuvent-elles aller jusqu’à éteindre ce désir d’apprendre et de grandir ? Peuvent-elles pousser des enfants à s’amputer ainsi d’une dimension essentielle de leur avenir comme un mendiant qui s’amputerait d’une main ou d’un bras pour attirer la pitié ? Pourquoi ce blocage ? Pourquoi ce refus ? A quoi nous provoque-t-il, nous appelle-t-il – que nous soyons parents, enseignants, éducateurs, condisciples de ces enfants ?

Comment éveiller ou réveiller le feu qui dort sous la braise ? Comment vaincre tout ce qui réprime ce désir (« Je suis un idiot, je ne suis pas fait pour apprendre… ») ou tout ce qui le contrarie (« Tu es un idiot, tu n’es pas fait pour apprendre… ») ? A quelle transformation cela doit-il nous conduire, les uns et les autres ?

Dans ce numéro de la revue, nous n’avons pas cherché à faire une évaluation exhaustive, une sorte d’état de l’enseignement en France et en Europe. Cela eut été prétentieux. Plus modestement, nous avons voulu donner la parole à des maîtres, des professeurs, des parents, des enfants, des éducateurs, des animateurs, qui témoignent de leurs expériences, de leurs réussites, des obstacles auxquels ils se sont heurtés. Ils nous démontrent qu’à certaines conditions, il est possible de ne pas renoncer à l’utopie : tous les enfants ont le désir d’apprendre, tous les enfants peuvent apprendre. »