Après avoir écrit un premier livre La fin de la démocratie, l’auteur s’interroge dans celui-ci sur ce que doit être « le juste combat démocratique ». Pourquoi une telle question ?
La révolution technique permet à chacun d’avoir accès à des informations économiques, politiques, etc., qui lui échappaient auparavant, phénomène affaiblissant les structures intermédiaires comme par exemple les Etats qui voient leur espace d’action se rétrécir. Nous passons d’un monde de communautés de mémoire à un monde de communautés de choix ; c’est pour les uns une liberté nouvelle, pour les autres « l’angoisse d’un horizon trop vaste ». Une situation qui modifie les conditions de la démocratie dans le processus de mondialisation et des questions qui se posent : que signifie aujourd’hui être démocrate ? Quelles doivent être les priorités d’un combat démocratique ?
Pour répondre à ces questions, l’auteur dans une première partie analyse la signification du marché. La conclusion de cette étude n’est pas optimiste. En devenant consommateur, le citoyen a gagné de nouveaux pouvoirs, mais il a perdu de sa souveraineté de décision, de ses valeurs partagées. La société est devenue une machine et force est de constater que « le marché mondial ne crée pas une communauté-monde ». Quant à la concurrence comme valeur mondiale, elle supprime la possibilité même de la liberté humaine, de la différence. Pour J.M. Guéhenno, « le tri de la compétition joue pour les hommes le même rôle que le tri génétique pour les fourmis », chacun a sa place exacte dans la fourmilière ! Dans ce contexte, l’Etat est jugé sur les services rendus et non plus sur sa capacité à exprimer une communauté humaine. L’Etat, permanence d’une communauté nationale, est remis en question, il devient un prestataire de services que l’on peut juger comme tous les autres acteurs de la société. L’auteur montre que ce pouvoir perdu par l’Etat n’est pas rendu au citoyen mais aux « metteurs en scène du théâtre de la vie politique » qui donnent « le caractère factice de la démocratie directe et virtuelle de la mondialisation ».
La deuxième partie du livre explore les nouveaux territoires de la politique pour définir les nouvelles institutions qui permettront l’émergence des nouveaux citoyens de la mondialisation. Pour ce faire, l’auteur compare l’expérience de la démocratie américaine et celle des démocraties européennes. Il constate les tensions qui naissent entre ces deux modèles, leurs conceptions étant très différentes (définitions de la communauté, lien entre savoir et pouvoir, problème de la transparence et du secret).
Enfin la troisième partie, « les citoyens de la mondialisation », répond aux questions posées au début de l’ouvrage en proposant une synthèse qui tente de concilier l’avenir et le passé au profit de la liberté et de la démocratie.
Un livre pour tous ceux qui s’intéressent à l’avenir du politique, un livre pour réfléchir aux notions de mondialisation, de démocratie, de citoyenneté et leurs interactions.