Ce livre est d’abord un récit sur l’esclavage au XIXe siècle dans les colonies anglaises, écrit par une esclave, Mary Prince. Suit un commentaire assez long sur l’esclavage à cette époque-là et la lutte en Angleterre pour son abolition.
Cet ouvrage fut publié à Londres en 1831. Il est l’histoire d’une esclave, de son enfance à son arrivée à Londres. Ballottée d’île en île, des Bermudes à Antigua, vendue comme ses sœurs et donc séparée de sa famille, Mary Prince livre tous ses sentiments rencontrés alors. Elle raconte aussi les mauvais traitements qui lui sont donnés par ses différents maîtres et dont elle gardera les séquelles toute sa vie. « Oh ! Les horreurs de l’esclavage et comme j’ai mal quand j’y pense ! Mais il me faut dire la vérité à ce sujet et j’estime de mon devoir de raconter ce que j’ai vu de mes yeux parce que peu de gens en Angleterre savent ce qu’il en est de l’esclavage. J’ai été esclave. J’ai ressenti ce que ressent un esclave et je sais ce qu’un esclave sait. » Accompagnant son dernier propriétaire, elle arrive en en Angleterre ; chassée, elle essaye d’obtenir son affranchissement afin de pouvoir retourner à Antigua où son mari l’attend. A la fin du livre, on ne sait toujours pas si on a répondu à sa demande mais on voit le début de la lutte pour l’abolitionnisme. « Quand ils (les Anglais) reviennent en Angleterre, ils disent et font croire à de braves gens que les esclaves ne veulent pas sortir de l’esclavage. Ce n’est pas vrai ! Tous les esclaves veulent être libres. La liberté est une chose très douce... Ils disent qu’ils ne peuvent rien faire sans esclave. Et pour quelle raison ne peuvent-ils pas s’en passer comme en Angleterre ? Il n’y a pas d’esclaves ici, ni de fouets, ni d’entrepôts. »
Un supplément à l’histoire de Mary Prince, écrit par Thomas Pringle en 1831, figure dans ce livre. Défenseur de Mary, il raconte comment il a pu vérifier ses dires et comment il a essayé d’obtenir son affranchissement, sans résultat. Une pétition fut présentée au Parlement le 24 juin 1829.
Daniel Maragnès, philosophe enseignant à l’université des Antilles-Guyane, souligne tout l’intérêt historique et politique de ce récit, sans doute l’un des premiers où une esclave prend la parole et ose s’attaquer au propriétaire. « Dans l’esclavage, le crime est pour ainsi dire à la source même. Il est bien, au sens moderne, un crime contre l’humanité et non un crime inhumain. Ce crime n’a de sens juridique que parce qu’il a d’abord un sens profondément éthique. Le récit de Mary ne cessera de nous rappeler. »
Très facile à lire, ce récit destiné à tous, fait mieux comprendre les conditions de vie des esclaves et la mentalité du XIXe par rapport à l’esclavage.