Cet ouvrage dresse un tableau des actions contre le non-recours aux droits sociaux "comme un ensemble de réponses aux tensions sociales et aux transformations politiques qui remettent en cause la cohésion sociale". En proposant des solutions, les 16 contributeurs cherchent à définir le sens de ces actions dans une société en pleine mutation, détaillant l'étendue des questions sociales que le phénomène recouvre.
Philippe Warin, cofondateur de l’Odenore, Observatoire des non-recours aux droits et services, a rassemblé les contributions de chercheurs et de professionnels de différentes disciplines.
Les contributions sont organisées en trois parties selon qu’elles concernent les actions en faveur de la prévention sociale ou plus généralement, l’accès aux droits pour tous.
La première partie, intitulée « Scènes principales », concerne les actions en faveur du système de protection sociale, sécurité sociale et action sociale locale :
– Garantir l’accès aux prestations familiales et sociales pour tous, question prioritaire pour la CNAF dès 1970.Cet accès fut à l’origine de la loi d’orientation relative à la lutte contre l’exclusion de juillet1998. Il faut en mesurer l’enjeu : fin 2018 les Caf versaient une prestation légale à près de 13 millions d’allocataires… Récemment, le non-recours a revêtu une nouvelle dimension avec le constat d’un non-recours massif au « RSA-activité ».
– Faciliter l’accès aux soins et à la santé. « La lutte contre les facteurs d’inégalités dans l’accès aux soins » est devenue l’un des axes majeurs de l’action de l’Assurance maladie pour 2018-2022.
– Adapter l’aide et l’action sociale des collectivités territoriales. En 2018, suite à la stratégie de lutte contre la pauvreté, la question de l’accès aux droits et du non-recours a débouché sur l’évaluation d’un « revenu universel d’activité ». Mais, avec la multiplicité des intervenants, cette politique d’accès aux droits reste confuse.
– Comment renouveler le travail social. Le non-recours renvoie prioritairement à deux causes :
– « la complexité de l’action sociale et les difficultés d’accès aux prestations » ;
– le décrochage qui s’est progressivement installé entre une partie de la population fragilisée et les services sociaux. Le plan pauvreté de 2018 devait permettre de redonner du sens aux métiers du travail social.
– La difficile mise à l’agenda politique de la question du non-recours à Genève, montre combien il est ardu de remettre en cause les institutions et de contrecarrer les critiques et résistances de la gouvernance.
En plus des scènes officielles, il existe d’autres actions plus anciennes contre le non-recours :
– Le droit au logement qui se décline en droits à la vie privée et familiale, à l’intimité, etc.
– La prise en compte des droits des jeunes, devenus un problème public prioritaire pour le CESE.
– La création d’une protection sociale pour les travailleurs des plateformes de services.
– L’accès aux biens et services essentiels pour les familles en difficulté appuyé sur des propositions du « social business », inspirées des thèses de M. Yunus, lancées par M. Hirsch et E. Faber, PDG de Danone.
Puis, viennent les arrières-scènes des batailles menées contre les stigmatisations qui conduisent les populations à ne pas activer leurs droits. Parmi celles-ci :
– Dénoncer les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, cf. l’action d’ATD dans ce domaine.
– Lutter contre l’illettrisme et faire face au développement du tout numérique.
– Rencontrer les diverses actions du non-recours adoptées en Europe et s’en inspirer.
Dans sa conclusion Philippe Warin souligne qu’on est « ainsi amené à renvoyer la question de l’action contre le non-recours sur l’établi des chercheurs, pour qu’ils attirent l’attention de leurs collègues mais aussi des acteurs en Europe sur les enjeux sociaux et politiques du non-recours ».
Un ouvrage qui s’adresse plutôt « aux acteurs politiques et sociaux, ainsi qu’aux enseignants et étudiants en science politique, en sociologie et en intervention sociale ».