L’auteur, anthropologue, a fait des séjours prolongés dans les camps de réfugiés et de travailleurs immigrés dans le sud de l’Italie entre 2012 et 2022. Il brosse ici un tableau de ce qu’il a découvert.
Les migrants arrivés à Lampedusa, en attendant l’instruction de leur demande d’asile sont transférés au bout de quelques jours dans des camps en Sicile ou en Calabre, là où la culture des fruits et légumes génère une forte demande saisonnière de travailleurs. Ils s’y retrouvent dans une situation de « détresse existentielle » qui les rend particulièrement vulnérables. Ils n’ont d’autre choix que de cueillir des oranges, en étant exploités et mal payés.
La majorité d’entre eux sont d’origine africaine. Ils vivent dans des conditions totalement insalubres : villages de tentes, bidonvilles, usines abandonnées ou cabanes bricolées dans la forêt.
Ils se trouvent bloqués là pendant des années, sans droits et sans papiers, dans l’attente d’une hypothétique régularisation, à la merci d’employeurs sans scrupules et de réseaux mafieux agissant en toute impunité.