La misère n’est pas fatale

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « La misère n’est pas fatale », Revue Quart Monde [En ligne], 183 | 2002/3, mis en ligne le 05 février 2003, consulté le 16 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/2404

Bénin : Les prêts d’Echoppe

Quand le revenu d’une femme s’améliore, c’est toute la famille qui en profite (…) Après qu’un économiste et une assistante sociale, mandatés par Echoppe, ont rencontré la créatrice d’activités pour vérifier le sérieux de son projet, le mécanisme de micro crédit se met en marche, souvent après des cours d’alphabétisation ou de rapides formations en gestion (…) Les trois-quarts des projets sont liés à l’agroalimentaire (achats d’animaux, vente d’aliments préparés, etc.)

Echoppe incite les emprunteuses à constituer leur propre garantie en épargnant une partie du prêt. (…) Depuis l’origine en 1990, 2 500 Béninoises ont bénéficié de 6 500 prêts. (La Croix, 27/05/02)

Cambodge : La manne touristique

Deux abris de carton et de toile adossés à la palissade d’un chantier où des investisseurs font construire un hôtel de luxe ; des enfants désœuvrés : « Ceux de nos voisins, tous deux, le père et la mère, travaillent sur le chantier, là, derrière. » Avec la paix retrouvée, le tourisme connaît au Cambodge une progression spectaculaire. (…) L’essentiel de la manne touristique va toutefois gonfler les comptes d’investisseurs étrangers. (…) Quant aux enfants des ouvriers du bâtiment, livrés à eux-mêmes, ils traînent les rues durant le plus clair de la journée. « Nous éprouvons beaucoup de difficultés à travailler avec cette population ; déclare Sébastien Marot, de l’association Mith Samlanh, notamment à scolariser les gamins dont les familles se déplacent sans arrêt. » (Faim et Développement, 06/02)

Chine : Le sang des pauvres

Pendant des années, des millions de paysans pauvres, acculés à vendre leur sang pour subsister, ont alimenté un gigantesque marché qui a abouti à transmettre le sida non seulement aux receveurs mais… aux donneurs eux-mêmes (…) Rong Tiekui et sa femme vivent dans la hantise de mourir avant que leur fils, 6 ans et leur fille, 9 ans, n’aient atteint l’âge de 15 ans, « l’âge de se débrouiller seuls. » C’est la grande plainte des victimes de Dongguan, la plus douloureuse : « Que deviendront-ils quand nous ne serons plus là ? » Dans cette famille, les parents, les oncles et tantes, les grands-parents, tout le monde est contaminé. L’avenir a les couleurs du cauchemar. S’ils ne trouvent pas de solution, leurs enfants seront condamnés à la mendicité. (Le Nouvel Observateur, 11-17/04/02)

Etats-Unis : Refuser l’échec scolaire

« Le Service américain des examens scolaires rapporte que la moitié des familles vivant de l’aide sociale sont dirigées par des gens qui ont quitté l’école trop tôt. (…) Le fait qu’il y ait tant d’abandon scolaire dans les pays supposés capables de fournir une éducation pour tous prouve que la qualité n’y est pas. (…) Ne voyons pas tout en noir. Il y a tant d’initiatives intéressantes dans le monde, sur le plan pédagogique et psychologique que personne ne prétend qu’il faut réinventer la roue. Les solutions sont là, à nous de les trouver… » confie Reva Klein, présidente du Consortium international contre la désaffection à l’égard de l’école, lequel tiendra sa conférence annuelle en septembre 2002 (http://www.dropoutprevention.org)

Le nouveau Courrier Unesco, 05/02

Italie : Via Modesta Valente

A Rome, le conseil municipal a inauguré une adresse postale virtuelle pour les sans abri. Le souvenir de Modesta Valente sera ainsi remémoré. C’était une femme pauvre, très aimée des nombreux volontaires de Rome. Une « sans domicile fixe » qui s’installait très souvent à la gare de Termini, bien avant que celle-ci ne soit transformée en une galerie commerciale avec annexe ferroviaire. Modesta Valente est morte un soir de 1983, sur le trottoir, parce que les ambulanciers appelés pour l’emmener à l’hôpital ont trop longuement hésité à la prendre en charge, à cause de son état d’hygiène. L’affaire avait donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire.

Ces deniers jours, le conseil municipal, suivant en cela les suggestions des associations de volontaires, a choisi de donner son nom à une rue « virtuelle. » Il s’agit en fait d’une vraie adresse postale à laquelle seront domiciliées, par les soins des 19 mairies d’arrondissement de la capitale, les personnes sans domicile qui en feront la demande. (…)

Le stéréotype qui accrédite l’idée que ces personnes sont sans liens affectifs, fussent-ils distendus, et sans amis de qui ils aimeraient recevoir des lettres, est en effet complètement faux. En outre, avoir une adresse postale est essentiel pour la communication avec les services sociaux que ce soit pour les documents administratifs ou pour l’avis de paiement d’une pension, par exemple. (…) La Via Modesta Valente apparaîtra sur l’annuaire des services postaux comme une rue normale de la ville. Cela fait chaud au cœur de penser que Modesta entre ainsi dans l’histoire du peuple de Rome, une histoire riche et humaine. (Vita non-profit on line, 1/03/02) (pour en savoir plus : http://www.commune.roma.it/dipsociale/pagine-SFD/pagina-via-modesta-valente.htm)

FAO : L’injustice des échanges

Le sommet mondial de l’alimentation s’est contenté de répéter la promesse faite en 1996 : diminuer de moitié le nombre d’humains affamés, estimé aujourd’hui à 800 millions, d’ici à 2015. Aucune mesure concrète n’a été arrêtée. (…) Le sommet a cependant montré l’importance cruciale de l’agriculture dans le développement. (…) Les pays du Sud estiment que les Etats-Unis et l’Union européenne favorisent leurs exportations à des prix artificiellement bas, ce qui concurrence indûment les agriculteurs des pays en développement, les plongeant dans la pauvreté. L’accès difficile aux marchés du Nord est par ailleurs dénoncé. (Le Monde, 15/06/02)

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