[...] Ma thèse, soutenue à New York, et qui résumait assez bien tout mon travail par la suite, était intitulée L’étrangeté entre le travailleur social et le client.1 Elle contenait l’idée suivante : pour aider un étranger, une personne qu’on ne connaît pas, il faut trouver le moyen de dépasser cette étrangeté, et se donner les moyens de la connaître. Ceci nécessite plus que les théories et les études de sciences sociales qui essayent de décrire les personnes avec qui on travaille en termes de caractéristiques socio-démographiques. Moi, j’étais intéressé par leurs mots, leurs expériences personnelles pour pouvoir les rejoindre puis les aider. Mon étude montrait comment découvrir ce qui les avait aidées par le passé, comme base pour découvrir ce qui les aiderait dans le futur. Maintenant, je dirais que vous ne pouvez travailler avec une famille pauvre que si vous avez acquis une certaine familiarité avec elle. La devise de ma thèse, que j’ai empruntée à Jane Addams, une travailleuse sociale hors du commun de Chicago, était : « Vous pouvez connaître les pauvres si vous vous donnez la peine de les connaître. » Ceci se passait des années avant de rencontrer le père Joseph – un homme qui a vécu précisément cela. En ce sens, ce que Harry Lennon dit est exact : « Le Mouvement vous confronte avec des réalités que vous avez toujours connues. » De fait, la rencontre avec le Mouvement m’a fait découvrir ou redécouvrir ce que je savais déjà, que c’était vraiment là ma passion.
L’idée d’exclusion était importante pour moi. Cela résonnait probablement avec ma propre expérience d’enfant, surtout comme enfant juif dans une école allemande, aussi comme membre d’une famille sioniste parmi des familles juives allemandes qui cherchaient l’assimilation, puis comme immigrant d’Allemagne en Palestine. Je pense souvent au titre de l’autobiographie de James Baldwin, l’écrivain noir américain, Nobody knows my name.2 Pour moi, connaître l’autre, l’inconnu, et se faire connaître par lui, même si cela n’a pas été toujours conscient, a été très important ; peut-être est-ce là la racine de tout.
Ceci m’est apparu clairement à un moment décisif dans ma relation avec ATD Quart Monde. En 1979, ce Mouvement m’avait fait intervenir à une conférence à l’Unesco, et j’avais mentionné Le Chambon-sur-Lignon.3 Là, pendant la Deuxième Guerre mondiale, André Trocmé, sa femme Magda et d’autres de leur entourage ont sauvé des centaines d’enfants juifs. Au déjeuner qui suivit, j'ai raconté un livre que je venais de lire sur l’histoire de Trocmé. Quelqu’un traduisait avec beaucoup d’émotion. Le père Joseph écouta très attentivement. C’était une histoire de personnes qui font l’impossible, pour des gens dans des situations impossibles. En génétique, on appelle cela des mutants, des gens qui sont hors du commun, qui réussissent là où tout semble perdu. Cela veut dire que si les Trocmé peuvent le faire, d’autres peuvent le faire aussi ; cela met face à des choix. Ce qui signifie que nous pouvons tous contribuer à rendre le monde moins inhumain, contribuer au progrès de l’humanité.
Dans le système implacable et inhumain d’alors, Trocmé était une sorte « d’aberration », une personne totalement humaine, qui ne pouvait pas trahir. Ni lui ni sa famille ne se sont posé de questions pour sauver ces enfants juifs. Ils l’ont fait tout simplement. C’est ce que j’aime en lui. Le père Joseph aussi faisait simplement ce qu’il avait à faire. Il ne voulait aucune médaille, aucun applaudissement, aucun prix. Tout comme cette femme allemande qui n’a pas dormi pendant deux ou trois ans pour guetter la Gestapo, et prévenir les juifs qui se cachaient dans son impasse. Et quand on lui demande : « Pourquoi avez-vous fait cela ? », elle répond : « Oh, c’est simple, je n’ai jamais aimé le genre d’Hitler. »4 Cela m’a saisi. J’étais aussi intéressé par une autre personne dans l’histoire du Chambon-sur-Lignon, un aristocrate, commandant de la Wehrmacht stationné dans la région, et qui prévenait chaque fois que les Nazis approchaient. Il y avait donc deux personnes atypiques : Trocmé et cet officier allemand.
J’ai expliqué tout cela au père Joseph à ma façon. Je lui ai dit très directement que ce que j’aimais dans le Mouvement était cette similitude entre ce qu’il faisait pour les pauvres et ce que des gens comme Trocmé avaient fait pour les Juifs pendant la guerre. Nous ne sommes pas entrés dans de grands discours à ce propos. Tout était dit. Je me souviens qu’il n’a pas prononcé une parole, mais qu’il était visiblement très ému. Dès lors, il a commencé à s’intéresser à moi, et notre collaboration date de ce moment-là.
De la reconnaissance mutuelle à l’engagement réciproque
En 1980, j’ai retrouvé le père Joseph et Alwine de Vos van Steenwijk5 à une exposition aux Nations unies. Je leur ai raconté que je m’intéressais beaucoup à l’idée de tirer des leçons des actions réussies. Je leur ai aussi dit qu’il me semblait que le travail scientifique du Mouvement était incompréhensible pour un public anglo-saxon.
En effet, j’étais frappé par le fait que le Mouvement disait des choses intéressantes et que personne dans mon monde n’y prêtait la moindre attention. Il y avait même du mépris, je voyais des gens hausser les épaules quand le père Joseph parlait. Cela me rendait furieux, je ne pouvais le supporter. Souvent, je pense à Moïse et Aaron : c’est ce que j’ai voulu être, une voix pour que, dans mon univers, ils soient entendus. Certes, ils avaient des échanges avec des intellectuels français, mais cela ne les aidait pas à rentrer en dialogue avec d’autres, en particulier avec le monde des sciences sociales et du travail social anglophone.
Le père Joseph m’a demandé ce que je voulais faire pour pallier ce manque. Je lui ai répondu que je voulais collecter des histoires du Mouvement et les écrire ; j’étais intéressé par ce qu’elles révèlent de ses réussites. Je voulais comprendre le "brevet ", le secret de sa réussite avec les familles les plus pauvres, et je sentais que je pouvais y arriver à travers des histoires, parce que je ne comprenais rien à toutes ses théories. Je le lui ai dit carrément. Alors il m’a incité à venir avec ma famille au centre du Mouvement au cours d’un séminaire d’action où des volontaires me « raconteraient des histoires ».
Ce qui m’a permis de faire mon chemin fut le contact avec deux membres remarquables du volontariat ATD Quart Monde : Bernadette Cornuau6 et Mary Rabagliati.7 J’ai donc assisté aux discussions. J’ai découvert que le père Joseph avait fait venir des interprètes tout spécialement pour moi, ce qui me montra qu’il comptait vraiment sur moi. Mais au bout de deux ou trois jours, je n’avais toujours entendu aucune histoire... ! Et je répétais sans cesse : « Pouvez-vous me raconter une situation dans laquelle vous avez réussi ? » Aucune histoire ne sortait. Et là, Bruno Masurel8 a dit : « Vous voulez dire les réussites des familles ? » Alors les volontaires ont commencé à raconter.
Ce fut une véritable révélation. Les volontaires n’arrivaient pas à penser à « leurs » propres réussites, ils ne pouvaient penser qu’aux réussites des familles très pauvres. Cela prenait pour moi un tour nouveau : seul compte ce que font les familles. J’ai mis plusieurs années à comprendre cela. C’est ce qu’on appelle un changement de paradigme. Ces changements surviennent quand on est mis en contact avec quelque chose qui était latent, mais qui devient explicite. En vérité, ce fut là un des nombreux changements de paradigme que le Mouvement m’a aidé à faire.9.
Changements de paradigme et expériences qui y ont mené
J'en suis venu à comprendre, premièrement, qu’il existe une chose qui s’appelle l’invention sociale ; deuxièmement, que le rôle du travailleur social est de travailler avec ceux dont personne ne veut ou que personne ne sait comment aborder ; troisièmement, qu’une connaissance, que j’appelle aujourd’hui « connaissance utile à l'action »10, peut être développée sur la base des histoires de réussites, c’est-à-dire des actions qui ont eu un impact positif sur la vie des gens ; quatrièmement, que dans la tension entre théorie et pratique la théorie n’est pas le maître, mais l’égale, et que dans le domaine du changement, la théorie est plus utile pour décrire que pour prescrire : elle est dérivée de ce qui est, et ne doit pas dicter ce qui doit être fait.
Un autre changement de paradigme notoire que je dois à ATD, c’est que j’ai osé penser que les pauvres avaient quelque chose à enseigner à la société. L’idée que seule la société doit apporter aux pauvres est dysfonctionnelle et peu claire. Le principal concept que j’ai développé à travers le Mouvement est celui de partenariat ; en cela aussi j’ai contribué à sa pensée. Avant, on disait « partage », ce qui était un concept obscur. Je préfère parler de réciprocité dans la relation, où chaque partie apporte une contribution à l’autre. Pour moi, c’est là une des idées les plus originales du Mouvement.
Ces dernières années, cette éthique du partenariat a fait son chemin parmi les travailleurs sociaux à travers le monde. Les clients des institutions sociales sont vus comme des partenaires. C’est là un profond changement de paradigme. L’idée que la pratique et la théorie sont des égales, qu’il faut apprendre des gens et de l’interaction avec eux, et ne pas soumettre ce savoir aux théories ou aux politiques préexistantes – idée apprise dans le Mouvement – est l’idée de base du cours introductif que reçoivent tous les futurs travailleurs sociaux à l’école de travail social de l’Université de Jérusalem. J’ai dispensé ce cours longtemps, et cela continue de la même manière.
Enfin, une autre idée qui m’a fasciné et qui constitue un autre point fort est que le Mouvement a deux “ clients ” : les familles pauvres et les organes de la société. ATD Quart Monde en appelle aux organes de la société en misant sur leur fierté : comment une société peut-elle se sentir fière et digne quand elle tolère une telle pauvreté en son sein ?
Toutes ces idées sont venues à travers des expériences, des interactions, des événements précis, des moments de vie partagés avec le Mouvement. Ce qui me fit la plus forte impression fut la visite du Sommier où sont entreposés les épais dossiers des histoires de milliers de familles vivant dans la pauvreté, familles qui sont de celles à qui on demande rarement sinon jamais de dire leur histoire. L’idée que l’on peut créer une histoire à un peuple présumé ne pas en avoir, et l’idée que des gens qui n’ont pas de passé ne peuvent pas avoir de futur, ces deux idées m’ont ouvert les yeux.
J'ai été très impressionné par tous ceux qui se donnent la peine de collecter les morceaux de vie des familles pour leur redonner leur propre histoire. La noblesse de l’entreprise m’a bouleversé. De par mon expérience de thérapeute, je savais qu’on pouvait aider considérablement quelqu’un en lui demandant d’écrire son histoire, mais cela se limitait à des individus. Que cela puisse se faire pour un collectif ne m’était jamais venu à l’idée consciemment, bien que je vienne d’une nation où c’est ce qui s’est passé. De même qu’Israël a créé une nation à partir des Juifs, ATD Quart Monde a permis aux pauvres de devenir un peuple. Je considère cela d’une immense importance. Je sais que la plus grande noblesse de mon père, en tant que sioniste, fut d’avoir, avec d’autres, créé un peuple à partir d’un groupe religieux ; cela a eu une immense importance pour ma survie, pour notre survie. Le Sommier ne pouvait qu’avoir une résonance profonde pour moi.
Ceci se résume à un respect universel de la dignité humaine tant au niveau individuel que collectif. L’idée que la société ne peut pas se sentir digne s’il y a des pauvres en son sein m’a permis de voir que ce collectif anonyme et socialement censuré pouvait permettre à la société non pas d’être la cible de sermons et de réprimandes, mais de se transformer elle-même.
J’ai aussi compris ce principe, « seulement le meilleur pour les plus pauvres », pendant les célébrations d’octobre 1987 au Trocadéro.11 Le Mouvement avait installé des stands dans lesquels les familles pouvaient expérimenter des choses auxquelles elles n’ont en général pas accès – comme lire de la poésie, jouer du violon, découvrir l’ordinateur. C’était de la meilleure qualité. J’ai vu aussi des membres du Mouvement enseigner Mozart à des enfants dans une cité défavorisée. Seul le meilleur de notre civilisation est assez beau pour eux. Je n’avais jamais pensé à cela : vous pouvez aider des gens à devenir partie prenante du monde seulement si vous respectez leur dignité en leur donnant le meilleur de ce monde, au lieu de leur jeter des miettes.
Ce principe était vécu par le père Joseph dans sa relation avec chaque personne. Je me souviens qu'il disait à un volontaire : « Tu ne retournes pas en mission tant que tu ne prends pas soin de ta santé. » Chacun est le meilleur, le plus précieux du monde, sans compromis possible. Un autre événement m’a beaucoup marqué en rédigeant Émerger de la Grande Pauvreté12 : Mary Rabagliati ne m’a pas laissé écrire un mot que les gens n’auraient pas compris ou avec lequel ils n’auraient pas pu s’identifier. Son exigence m’a ouvert les yeux. Je n’ai pas eu le droit d’utiliser un seul mot sophistiqué. Elle m’a rayé tout mon jargon psychologique... J’ai appris ainsi à ne rien écrire que les gens n’auraient pas compris ou pas aimé à leur sujet. Il fallait trouver un langage qui ait du sens, qui reflète qui ils sont, un langage dans lequel ils puissent se voir eux-mêmes et dans lequel les autres puissent les voir. Un langage commun.
En fait, c’est ce que je n’ai pas cessé de faire depuis. D’une certaine manière, j’apporte au Mouvement un langage, celui du travail social et des organisations. Notre défi commun, avec lui, est de trouver les mots qui permettront que ce qu’il fait soit parlant pour ces mondes-là, mais aussi les amènent à se réformer et même se transformer. Par exemple, dans Émerger de la Grande Pauvreté, je décrivais le Mouvement en disant que c’était une organisation dont les pauvres étaient les « actionnaires ». C’est, je crois, très vrai et original : les organisations sociales voient les pauvres comme des clients, pas comme des actionnaires. Cela ne veut pas dire que les pauvres votent tout le temps, mais que l’organisation n’entreprend rien qui ne soit pas dans leur intérêt, dans l’intérêt de ses actionnaires. C’est un concept inhabituel qui questionne les théories des organisations, la manière dont elles fonctionnent mais qui s’avère absolument essentiel si on veut réussir avec les plus démunis. Très difficile à faire comprendre, car cela demande aux travailleurs sociaux et aux administrations de lutter avec l’idée d’abandonner ou de céder de leur pouvoir, de leur prestige.
Moi aussi, j’ai été exigeant dans ma collaboration avec le Mouvement. J’étais furieux contre les volontaires quand ils cachaient leurs succès ou les minimisaient. Cela me mettait en colère qu’ils soient toujours si humbles, n’osant pas dire ou écrire ce qu’ils faisaient. Je pouvais le comprendre mais ça m’agaçait quand même qu’ils s’effacent, comme s’ils étaient des riens du tout. S’ils étaient des riens du tout, ils n’auraient rien à apporter. Je voulais leur faire comprendre que mon intérêt pour ce qu’ils étaient et faisaient était une autre manière de servir les familles dans la misère.
Je crois que j’ai toujours travaillé dans les deux directions, vers l’université et les institutions d’une part, vers les pauvres et leurs organisations d’autre part, pour ouvrir des portes, de sorte que les deux se comprennent. En ce sens, je suis un courtier, un entremetteur, dans l’intérêt des deux parties. C’est de la médiation. Cela rejoint l'appel de Forster : « connecte seulement. »13
Mais c’est un type de collaboration et de partenariat qui n’est possible que parce que les deux parties sont sans cesse en train d’apprendre, et reconnaissantes à l’autre pour cet apprentissage mutuel. J’ai travaillé avec beaucoup d’organisations, mais ce que j’ai appris d’unique avec les membres d’ATD, c’est leur pratique d’être continuellement en train de se demander ce qu’est leur identité, leur objet, et moi j’apprends d’eux, avec eux. Je ne cesse de chercher à décoder le langage, à comprendre ce qui apparaît au départ comme incompréhensible et dont j’essaye de découvrir le sens. Je tombe sans cesse sur de nouvelles découvertes que le dialogue m’aide à clarifier. En même temps, je partage avec eux ce que j’apprends, et cela leur permet à eux aussi de mieux se connaître. Nous apprenons ensemble.
La dernière chose que j’aimerais mentionner relève de la compassion.14 Quand Bertrand Boureau15 m’a raconté son travail avec les travailleurs sociaux, j’ai vu qu’il agissait sans être bien compris des autres. Cela ne fut pas facile à comprendre pour moi non plus, mais j’admirais sa compassion pour ces professionnels qui peuvent, non sans raison, être considérés comme les ennemis. Bertrand comprenait cependant leur situation difficile. J’admirais tout autant le père Joseph prenant deux enfants pour leur faire passer la frontière afin que les travailleurs sociaux ne les retirent pas à leurs parents : les familles et les enfants étaient plus importants que tout le reste, et il agissait sur cette conviction, bien que ce ne fût probablement pas légal. Je voyais un parallélisme entre le souci du père Joseph pour cette famille et le souci de Bertrand pour les travailleurs sociaux.
Si j’avais à résumer ce que j’ai appris du Mouvement, je dirais que celui-ci agit toujours pour des gens et jamais contre des gens. Parce qu’en fait, c’est la seule manière de faire quelque chose. C’est ce que Schön et Rein appellent « recadrer »16, c’est la manière employée par le Mouvement pour sortir de l’impasse de l’exclusion.
Pour ma part, je pratique de moins en moins la confrontation agressive. Je l’ai beaucoup fait quand j’étais très actif avec la branche Israël des « Black Panthers » quand ils ont rejoint notre comité d’action de travailleurs sociaux et nous avons fait le piquet pour faire fermer les bureaux d’aide sociale en signe de protestation contre les indignités qu’ils faisaient subir à leurs clients. Maintenant, j’essaye de trouver un langage avec les autres qui ne les condamne pas, mais qui leur permettra de voir et de comprendre la situation par eux-mêmes. Je me suis éloigné du langage du pouvoir de la démarche d’Alinski, du travail social radical et de l’« empowerment » qui inévitablement finit par être paternaliste, par dire aux gens ce qu’ils doivent être et faire. J’essaye d’utiliser d’autres chemins, celui du dialogue – ce qu’on appelle la « persuasion amicale » – ou celui des controverses. [...].
L'auteur poursuit sa réflexion sur l'évolution parallèle de sa manière de faire. En tant que chercheur, en tant qu'enseignant de travail social, emprunte des chemins professionnels nouveaux qu'il explique et illustre d'exemples.