L’histoire se passe à Bruxelles, capitale de l’Europe. L’été fut chaud rue de la Samaritaine, ce sous-quartier misérable, au cœur des Marolles, le quartier populaire historique de Bruxelles. Plus de soixante familles se sont vues signifier brutalement au milieu du mois de juillet leur expulsion immédiate, en application d’un règlement de police sur l’insalubrité et la sécurité. A plusieurs d’entre elles, isolées ou couple sans enfants, la Ville ne proposa comme relogement que l’accueil dans un hospice. L’action enclenchée par les habitants, relayée par les Comités de quartier, évita le pire. Des délais furent accordés aux uns et aux autres. Cela n’empêcha point toutefois que quelques-uns soient relogés dans un hospice.

Deux habitants du quartier, militants du Quart Monde, s’en inquiétèrent. Allons-nous les laisser sans nouvelles, sans visites, sans contacts avec l’extérieur ? A l’issue d’une réunion de cellule1 ils décidèrent d’aller leur rendre visite.

Arrivés à la porte de l’hospice, ils annoncèrent leur désir de voir leurs amis, car dirent-ils, « nous sommes du Quart Monde comme eux. »

Malgré leur insistance, il leur fut interdit d’entrer. Pas de visite pour eux.

Ainsi en est-il des Droits de l’homme en ce début de décennie. Rien n’est assuré aux plus pauvres. Pas même le droit de choisir ses amitiés, pas même le droit de manifester tendresse et sollicitude à l’égard de ceux qu’on appelle de ce nom lui aussi inaccessible aux plus pauvres : amis.