Le refus de la misère a-t-il pris corps ?

Jean Tonglet

Citer cet article

Référence électronique

Jean Tonglet, « Le refus de la misère a-t-il pris corps ? », Revue Quart Monde [En ligne], 200 | 2006/4, mis en ligne le 05 mai 2007, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/456

En automne 1986, le père Wresinski présentait ainsi le premier numéro de la Revue Quart Monde : « Cette revue a pour mission de devenir un point de rencontre et de réflexion sur les chances que la génération d’aujourd’hui doit saisir pour que le refus de la misère continue à prendre mieux corps dans cinq, dix, vingt ans... ».

Vingt ans après, nous avons tenté de faire le point au cours d’une journée d’études organisée avec l’Institut de recherche d’ATD Quart Monde dans son centre international. En 1987, en effet, Joseph Wresinski lançait trois appels.

Les 10 et 11 février 1987, il présentait au Conseil économique et social français le rapport Grande pauvreté et précarité économique et sociale dont l’avis était adopté par le CES. Un volontaire qui fit partie de l’équipe de ses collaborateurs, Daniel Fayard, retrace l’histoire et le sens de cet événement.

Le 20 février 1987, pour la première et unique fois, il prenait la parole devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU, à Genève. Emmanuel Decaux, membre de la sous-commission des droits de l’homme de l’ONU, présente le chemin parcouru depuis lors.

Le 17 octobre 1987, en inaugurant publiquement la dalle en l’honneur des victimes de la misère sur le parvis des Libertés et des droits de l’homme au Trocadéro à Paris, le père Wresinski appelait tous les citoyens à s’unir pour que tout homme soit respecté dans tous ses droits.

Vingt ans donc après cette année 1987 où l’opinion commença à entendre ce que le fondateur d’ATD Quart Monde ne cessait d’affirmer : « La misère est une violation des droits de l’homme », Paulette Guinchard, députée et Agnès de Fleurieu, présidente de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, montrent les avancées mais aussi les difficultés rencontrées tant au niveau de l’opinion publique qu’à celui des études scientifiques. Sociologue, Patrick Cingolini dessine les contours de la loi contre les exclusions en rappelant que tout droit, pour devenir effectif, doit s’appuyer sur un incessant partage des savoirs.

Ne serait-ce pas d’abord parce que ce savoir est largement et partout dénié aux personnes en grande pauvreté que malgré des progrès, celles-ci, comme à Rennes, cherchent toujours le chemin de leur délivrance ? Et si elles expriment aussi leur espoir, ne serait-ce pas parce que partout, des citoyens continuent à vouloir apprendre d’elles et avec elles ?

Jean Tonglet

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND