Un programme audacieux

Rédaction de la Revue Quart Monde

p. 59-60

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « Un programme audacieux », Revue Quart Monde, 236 | 2015/4, 59-60.

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « Un programme audacieux », Revue Quart Monde [En ligne], 236 | 2015/4, mis en ligne le 20 juin 2016, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6521

Présentation de la note par la rédaction de la Revue Quart Monde.

ONU : Objectifs de Développement Durable (ODD)1

Un nouveau programme mondial audacieux pour éradiquer la pauvreté d’ici à 2030 et poursuivre un avenir durable a été adopté vendredi 25 Septembre 2015 à l’unanimité par les 193 États membres des Nations Unies.

« Nous embarquons ensemble sur la voie du développement durable, pour nous consacrer collectivement à la poursuite du développement mondial et d’une coopération mutuellement bénéfique, susceptible d’apporter d’énormes gains à tous les pays et toutes les régions du monde », affirme la Déclaration adoptée par les États membres.

Intitulé Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le programme comporte 17 Objectifs de développement durable (ODD), conçus pour parachever d’ici à 2030 les efforts entamés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ces derniers avaient été lancés en 2000 en vue notamment d’éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde d’ici 2015.

« Ce nouveau Programme est une promesse faite par les dirigeants aux gens du monde entier. C’est une vision universelle, intégrée et transformative pour un monde meilleur », a salué le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, dans un discours prononcé à l’ouverture du Sommet. À bien des égards, en effet, les 17 ODD et leurs 169 cibles ont une portée plus large que les 8 OMD et leurs 21 cibles. Là où ces derniers étaient centrés principalement sur des thématiques sociales, les ODD couvrent l’ensemble des dimensions du développement durable, à savoir la croissance économique, l’intégration sociale et la protection de l’environnement.

Du point de vue géographique, les OMD ciblaient essentiellement les pays en développement, en particulier les plus pauvres, alors que les ODD seront applicables aussi bien aux pays riches qu’aux pays pauvres. Le premier d’entre eux, par exemple, l’ODD N° 1, se propose d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, et non pas seulement l’extrême pauvreté.

« C’est un Programme pour les gens, pour mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes », a ajouté le chef de l’ONU, tout en avertissant que le véritable test de l’engagement des États envers ce Programme à l’horizon 2030 sera sa mise en œuvre.

« Nous devons agir tous et partout ; ces 17 Objectifs de développement durable sont notre guide, une liste de tâches pour les gens et la planète, et un modèle de réussite », a déclaré Ban Ki-Moon. L’adoption officielle du Programme est intervenue peu après que le Pape François, chef de l’Église catholique, s’est adressé à l’Assemblée générale.

FRANCE : Un petit village de Seine-et-Marne donne un toit aux gens du voyage2

À Saint-Thibault-des-Vignes, loin de l’intolérance et des clichés, on s’occupe de donner un toit à tous, y compris aux Français issus de la communauté du voyage.

« Jamais je n’ai été remercié comme aujourd’hui en allant visiter un logement », confie, visiblement ému, Gilles Sambussy, venu inaugurer la Résidence de la solidarité dans ce petit village de Seine-et-Marne, qui compte 6 346 habitants.

Le directeur général de Trois Moulins Habitat, filiale du bailleur social Polylogis, a le sentiment du devoir accompli.

Après huit ans d’attente, vingt familles ont enfin pu emménager dans ces vingt maisons individuelles PLAI, le logement social le moins cher. Une petite révolution, puisque c’est leur premier toit, leur première maison « en dur », après une vie en caravane.

Johanna Pietri ouvre volontiers sa porte : elle vient d’emménager avec son mari et ses deux enfants de quinze mois et quatre ans, tout près de sa grand-mère, sa mère, sa sœur, son oncle et sa tante.

« Mon fils dans la caravane, il n’avait pas autant d’espace. Maintenant, il a sa chambre, son espace à lui, il peut jouer. Au bout de huit ans, on n’y croyait plus », dit-elle, l’air sérieux.

« Pour aller chercher de l’eau, on marchait dans la boue, c’était dur », se souvient Marie Laurot, sa belle-sœur. « On n’a plus peur de l’hiver », dit-elle.

Marie Winterstein la grand-mère aux yeux rieurs, ne regrette pas sa caravane : « Quand on vieillit, on voyage moins, on n’a plus la même vie. »

« Mon mari est très content. Moi, je n’y croyais pas, j’ai dit : ‘Il ne viendra pas.’ Et au final, il a pris toutes les affaires, il les mettait dans la voiture en disant ‘Allez, dépêche-toi !’ En deux jours, il avait tout emmené », raconte-t-elle.

Car ce changement de vie n’allait pas de soi : du dialogue - notamment via l’association La Rose des vents -, et du temps, ont été nécessaires. Pour ces familles, abandonner la caravane, symbole de liberté, du jour au lendemain, n’était pas imaginable : un emplacement lui est réservé.

« Même si elle ne bouge pas pendant quinze ans, elle est devant la maison. Ils ont l’impression que s’ils veulent repartir, ils le peuvent », explique M. Sambussy.

« Au départ les familles ne voulaient pas entendre parler d’étage, ni de radiateurs : les poêles à bois sont restés longtemps dans les plans », dit en souriant l’architecte Yohann Van Vlaenderen.

Modulables, les maisons (du 3 au 5 pièces) peuvent accueillir une chambre de plus.

Des financements du Département, de la Région, de l’État et de l’Union européenne (Feder) ont permis de boucler le budget de 4 millions d’euros, soit 200 000 euros par maison.

« Il a fallu trouver un bailleur social qui veuille bien s’engager avec nous, car les clichés des ‘sédentaires’ envers les gens du voyage ont la peau dure, dit Florence Hardy, directrice générale des services municipaux. « Avec Trois Moulins Habitat, on s’est battus côte à côte. »

« Arriver au bout n’était pas facile : il faut lever des vieilles peurs », confirme M. Sambussy. « J’ai entendu : ‘Ce sont des gens sans foi ni loi, ils ne vont pas payer leur loyer.’ Nous ne sommes pas nombreux à lever la main pour faire du logement social pour les gens du voyage. »

Pour la municipalité, il n’était pas question de faire « un ghetto » : au total, 450 maisons seront construites, mêlant sédentaires et gens du voyage.

Pionnière, Saint-Thibault-des-Vignes fait déjà école : la commune de Longperrier, elle aussi en Seine-et-Marne, s’apprête à sauter le pas. Pour Sinclair Vouriot, maire de Saint-Thibault, les choses sont simples : « Il y avait un besoin de la population, une communauté du voyage présente depuis longtemps, propriétaire de terrains. On a trouvé le moyen de les intégrer. » Car pour lui, « Personne ne doit rester au bord du chemin ».

Rédaction de la Revue Quart Monde

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