Claus Drexel, Au bord du monde

Film documentaire français, 2013.

Marie-Hélène Dacos-Burgues et Anne de Maissin

p. 42-43

Référence(s) :

Au bord du monde, film documentaire de Claude Drexel, France ; 2013, 98'

Citer cet article

Référence papier

Marie-Hélène Dacos-Burgues et Anne de Maissin, « Claus Drexel, Au bord du monde », Revue Quart Monde, 234 | 2015/2, 42-43.

Référence électronique

Marie-Hélène Dacos-Burgues et Anne de Maissin, « Claus Drexel, Au bord du monde », Revue Quart Monde [En ligne], 234 | 2015/2, mis en ligne le 01 décembre 2015, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7611

Ce film se passe à Paris, la nuit, entre minuit et cinq heures du matin.

C’est une suite de portraits de personnes qui vivent à la rue. On les voit à des moments différents.

Wenceslas, l’homme au bonnet et au chariot.

Il est très organisé. Il a dans son chariot une encyclopédie, et des coupures de presse sur les inventions scientifiques, sur le médical et le social. Il replie ses affaires tôt le matin, certains jours à 4h du matin, et va chercher au marché des invendus pour donner à manger à ses copains. Il dit : « Ce ne sont pas les objets qui rendent heureux ». Il ne fait pas la manche. Il dit : « On me donne ». Sa sexualité n’existe pas. Il dit : « Les SDF, on dérange, on n’a pas de vie privée ». Il dort le jour. Il dit : « C’est le monde à l’envers ». Ses bonheurs, ce sont la paix, l’antistress, les moineaux qui entourent le pigeon qui va mourir. Avec humour il dit qu’il fait le « marafonds » de Paris.

Christine, cette femme assise le long d’une grille.

Elle parle calmement, apaisée. Elle est résistante au froid, elle se place de façon à être visible pour sa sécurité, elle ne se repose pas, ne rêve pas, elle a tout perdu, même les photos de ses enfants. Elle a été agressée plusieurs fois. À la question : « Que faites-vous quand vous avez froid ? », elle répond : « Je grelotte », puis elle dit qu’elle garde une couverture pour quand il fera encore plus froid. Son sommeil n’est pas le sommeil habituel. Elle parle des moments de douceur de sa vie, de l’arrivée de ses enfants, elle demande juste une maison pour être avec ses enfants ; ce n’est pas la folie qui la guette, c’est l’abandon d’elle-même. Ses plaisirs sont les courriers et les petits déjeuners. Elle dit : « Le pire c’est ne pas savoir répondre à la question : Pourquoi je suis là ? L’esprit lutte contre le corps qui voudrait me voir abdiquer. L’esprit lutte tous les jours pour gagner la bataille. » Elle dit : « Si tu abdiques, tu n’existes plus ».

Pascal, l’homme qui parle devant sa cabane en carton.

C’est un homme jeune, malade, à la voix douce. Il a des problèmes de santé et une seule dent. Il se dit : « Est-ce que demain je serais encore en vie ? » Il a une cabane qui ne se voit pas de la rue. Il dit : « C’est royal. Il ne manque que l’électricité ». Il a un chat attaché avec une longue ficelle. Il dit que les SDF se cachent du regard des gens. Il craint un peu l’attitude des autres à son égard mais il a des visites d’un ami. Et il a reçu des cadeaux de la police. Il dit : « Le sourire, c’est ce qui permet de tenir la route ». Et aussi : « L’hiver, c’est le plus dur ». Il se sent encore des responsabilités familiales : il va économiser pour payer l’hôtel à sa fille et au copain de celle-ci s’ils viennent le voir pour le 14 juillet. Il s’en fait une fête. Il a une vie sociale importante. Il parle de la force que lui donne ses amis : il joue à la pétanque, aux cartes. C’est devenu pour lui un train de vie. Il a fait un arbre de Noël à côté de sa cabane.

Il y a aussi Henri, l’homme à la couverture, qui vit dans un trou, et qui est debout pieds nus à la fin.

Et Jeni, et d’autres …

Ce film a été choisi pour être visionné par le Jury du prix Agir Tous pour la Dignité.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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