Martin Provost, Séraphine

Film français, 2008.

Martine Hosselet-Herbignat

p. 58-59

Bibliographical reference

Séraphine, film de Martin Provost, France, 2008, 125'. Avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent, Geneviève Mnich, Nico Rogner, Adelaïde Leroux. À reçu le César du meilleur film 2009, après avoir remporté le César de la meilleure actrice (Y. Moreau), du meilleur scénario, des meilleurs costumes, de la photo, de la musique et des décors.

References

Bibliographical reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Martin Provost, Séraphine », Revue Quart Monde, 210 | 2009/2, 58-59.

Electronic reference

Martine Hosselet-Herbignat, « Martin Provost, Séraphine », Revue Quart Monde [Online], 210 | 2009/2, Online since 01 November 2009, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/7643

Claude, Édith, Alain, Gisèle, Michèle, Jacqueline, Christine, Martine, membres d’ATD Quart Monde à Marseille, se sont retrouvés pour échanger sur le film. Certains sont allés le voir ensemble, d’autres ne l’ont pas vu mais en ont entendu parler. Jacqueline a apporté un magazine qui relate la remise des Oscars à Yolande Moreau, l’actrice principale.

« C’est l’histoire d’une femme de ménage qui travaille pour gagner sa vie et qui fait de la peinture en cachette. Elle ne veut pas dire qu’elle peint. Elle le fait pour sa satisfaction personnelle. Il lui faut des toiles de deux mètres de haut. Elle prend la cire des bougies dans les églises pour fabriquer les couleurs à moins cher. Un jour, un locataire d’un de ses employeurs découvre qu’elle fait de la peinture et il veut l’exposer dans une galerie à Paris. Elle a confiance en lui mais il ne tient pas ses promesses, à cause de la crise en 1929, un peu comme aujourd’hui. À la fin elle devient folle, elle met une robe de mariée et distribue de l’argenterie en frappant aux portes. Les gens appellent la police, on l’embarque, elle se laisse faire, et on la met dans un asile. »

« Ce sont les promesses non tenues qui l’ont fait beaucoup souffrir. Le marchand de tableaux lui avait promis d’acheter ses peintures mais à cause de la guerre, il ne l’a pas fait. Pour elle, ses tableaux, ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est la relation avec celui qui a cru en elle et en sa peinture. C’est lui qui est venu ouvrir son horizon mais ensuite tout a été remis en question. Elle est entrée sans résister dans la voiture de police parce qu’elle en avait marre. Elle s’est laissé prendre. Elle était déçue. Son vœu ne s’est pas réalisé. Son histoire était finie. »

« Elle devait avoir ça en elle, la peinture. En peignant, elle retranscrit ses émotions.

Elle invente, elle est dans son imaginaire. Çà reste à l’intérieur, elle peint pour elle ; c’est son secret, son trésor. Elle ne veut pas montrer ses capacités parce qu’elle est considérée comme une femme de ménage, et même comme une esclave. Les gens la regardent de travers, derrière leurs rideaux. Et puis elle voit que sa peinture plaît à cet homme. Dans sa tête, ça s’emballe, ça devient de l’euphorie. Elle est aux petits soins pour lui. Elle lui fait goûter le vin qu’elle prépare, au lieu du thé dont il a l’habitude. Peut-être allait-elle se marier avec lui ? .… »

« À l’asile, personne n’est resté avec elle pour la réconforter. Elle a ‘pété un câble’ et on l’a laissée toute seule. Le marchand de peinture est venu la voir. N était triste mais il n’a pas cherché à lui parler, à la réconforter. »

« Moi, quand je me suis retrouvée dans cette situation, le plus dur, c’était d’être enfermée toute seule dans une cellule. On te fait plusieurs piqûres par jour. »

« Nous aussi, au début des ateliers de peinture à la maison Quart Monde, on disait : Je ne sais pas le faire’. Mais après, on s’y est mis ensemble, en s’encourageant, et on a vu qu’on y arrivait. »

« Je n’ai pas vu le film, mais d’après ce que je comprends, il est très intéressant, et je vois qu’il a un sens vis-à-vis de la réalité. »

Martine Hosselet-Herbignat

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