Geneviève Damas voulait montrer, à travers un roman, combien la crise des migrants nous interroge. Elle est allée à Lampedusa, et à la frontière du Canada, où tous les jours des habitants tentent de traverser le Rainbow Bridge qui les conduira aux États-Unis.
Après être descendue sur le terrain, elle a écrit ce texte : un monologue de trois personnes qui parlent à tour de rôle.
Il y a d’abord Jean Iritimbi, Centrafricain sans papiers, venu au Canada avec l’espoir d’y faire venir un jour sa famille. Il s’éprend de Patricia.
Et puis il y a l’enfant, Vanessa, la fille de Jean, murée dans le silence, depuis qu’elle a été sauvée d’un naufrage en Méditerranée. « Prends la planche, tu es la plus petite », lui avait dit sa maman.
Patricia recueille l’enfant rescapée « pour lui donner une vie qui vaille le prix de sa traversée », le supplie Jean. Elle reçoit en pleine figure la souffrance de l’adolescente.
C’est un texte court, fort, dans lequel les trois personnages parlent d’une voix juste.