Ce livre a d’abord un intérêt économique. Il met à jour l’existence et les rouages d’un vaste marché « noir » souterrain qui touche presque toutes les branches d’activités légères et de technologie peu avancée : confection, restauration, bâtiment, plomberie, etc. Malgré son caractère illégal, ce vaste marché est toléré sinon encouragé par les Pouvoirs publics. Il joue, en effet, un rôle de régulateur des prix, pallie des carences actuelles du secteur artisanal, permet de maintenir les salaires anormalement bas pour la main-d’œuvre non qualifiée, masculine ou féminine.
Il éclaire aussi les problèmes que pose l’existence des nouveaux pauvres. Car le travailleur « au noir » n’est pas seulement le salarié déclaré qui cherche à améliorer son niveau de vie, c’est aussi le « clandestin », français ou immigré, qui ne peut recourir à aucune des garanties reconnues par le droit du travail et ne bénéficie même pas de l’inscription à la Sécurité sociale.
Il existe donc près de nous une énorme machine qui crée de la surexploitation et produit de la misère. Or, nous résistons le plus à en prendre conscience et à la dénoncer, car nous sommes presque tous amenés un jour ou l’autre à en bénéficier.
Ce n’est pas là le moindre scandale.