Alain Lebaube, L'emploi en miettes

Editions Hachette, Collection Mutations, 1988.

Jean Guinet

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Alain Lebaube, L'emploi en miettes, Editions. Hachette, Collection Mutations, 1988.

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Jean Guinet, « Alain Lebaube, L'emploi en miettes », Revue Quart Monde [En ligne], 128 | 1988/3, mis en ligne le 01 mars 1989, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8816

« Chacun est maintenant convaincu que le plein emploi relève de l'illusion. D'où la recherche d'autres solutions, temporaires ou définitives, qui se déclinent en autant de variables qu'il y a d'approches ».

La science économique est dépassée et son impuissance reconnue par les économistes eux-mêmes.

Toutes les tentatives faites dans les pays industrialisés pour sortir de la crise de l'emploi ont échoué et même ceux qui s'en sortent se sont résolus à une société « duale ».

Les chiffres les plus sérieux montrent la montée inexorable non seulement du chômage mais de toutes les formes de travail en « miettes » inventées par le traitement social du chômage. Elles prennent rapidement la place prépondérante tenue jusqu'ici par le « contrat à durée déterminée » qui devient un privilège exorbitant.

Alain Lebaube s'appuie sur les données les plus solides pour un constat particulièrement sombre, plus encore pour l'avenir que pour le présent.

En outre, il ne trouve guère de proposition encourageante pour en sortir :

-l'entreprise réhabilitée continue pour progresser à demander à ses salariés les efforts qui lui permette de survivre, même lorsque ces efforts doivent les conduire à l'exclusion pour une « bonne productivité » ;

- les syndicats qui ont perdu leur fonction de défense des plus faibles continuent à défendre le niveau de vie des salariés en place, sans se préoccuper de la représentation des chômeurs ;

- contrairement au « théorème d'Helmut Schmidt » repris en France par Michel Albert, la recherche de la compétitivité hors dualisme a jusqu'ici joué contre remploi.

Le débat nécessaire sur la flexibilité a été escamoté et raté par manque d'ambition : le CNPF n'y voyait que la recherche d'une plus grande liberté de manœuvre pour les chefs d'entreprise et les syndicats en ont fait le symbole des opérations malfaisantes. Pour Alain Lebaube, « la flexibilité interne pour être atteinte, passe par l'adhésion du personnel aux objectifs reconnus de l'entreprise. Elle suppose participation, consultation et concertation... ».

C'est dans ce domaine du dialogue social qu'Alain Lebaube qui ne fait pas de suggestions personnelles semble espérer une issue plus enthousiasmante que celle de la société duale acceptée (par la plupart). Il conclut ainsi : « Nous n'échapperons pas à notre destin, ni, espérons-le pour nous rassurer, à la prise de conscience collective ». C'est l'objectif considérable de ce livre.

Jean Guinet

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