Richard Dethyre est un enfant « de la banlieue », qui a d'abord participé aux luttes ouvrières de la CGT (Confédération générale du travail) et du Parti communiste français contre l’exploitation des salariés.
Devant le développement du chômage des masses et de ses ravages sur les hommes, bien que non chômeur lui-même, il rejoint les chômeurs et fonde l’APEIS (Association pour l’emploi, l’insertion et la solidarité), qui, dès 1987, occupe les ASSEDIC pendant cent quatre-vingts jours.
L’APEIS échappe à tous les appareils et comprend des militants de tous bords, unis par le refus du chômage et de son indignité.
Richard Dethyre, qui a expérimenté la valeur sociale du travail, du métier, de « la belle ouvrage », du militantisme ouvrier, ne peut supporter le mépris dans lequel sont tenus les chômeurs. Il lie son sort au leur pour dénoncer le crime du chômage.
Tandis que la perte durable de ce qui fait l’identité des personnes affecte profondément les chômeurs – au point de les culpabiliser et de les priver même de leurs moyens de défense – eux qui se sentent mal à l’aise partout (y compris dans les syndicats de salariés) rejoignent en nombre le « mouvement des chômeurs » constitué de différentes associations.
Ils se sentent à nouveau compris et respectés. Ils veulent lutter ensemble pour exiger une place digne de chacun. Ils le font à travers des manifestations de plus en plus nombreuses et visibles, même quand leurs revendications concrètes semblent ne concerner que le court terme : gratuité des transports pour les chômeurs, minima sociaux décents.
Cette exigence, qui devrait et pourrait être commune à tous les citoyens, les unit, au-delà de leurs options très diverses, et leur redonne la force de se battre.
Richard Dethyre prédit que « la révolte ira loin » contrairement à tous ceux qui se résignent souvent à l'inacceptable tant qu'il n'atteint que les minorités des « autres ».