Vassili Peskov, Ermite dans la taïga

Traduit du russe par Yves Gauthier, Actes Sud, 1992, 237 pages

Jean Monge

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Vassili Peskov, Ermite dans la taïga, Traduit du russe par Yves Gauthier, Actes Sud, 1992, 237 pages

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Jean Monge, « Vassili Peskov, Ermite dans la taïga », Revue Quart Monde [En ligne], 146 | 1993/1, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 26 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8959

En 1978, des géologues russes découvrent en pleine Sibérie une famille de vieux-croyants, au nord du Mont Altaï, à 1 000 mètres d’altitude, vers la rivière Abakan. Les vieux-croyants, au Raskol, par leur refus d’un retour aux sources grecques de l’orthodoxie russe ont eu à subir depuis 1667 nombre de persécutions.

Les Lykov se sont peu à peu isolés là et y vivent depuis 1938. La mère y mourut de faim en 1961. C’est en 1982 que l’auteur, journaliste, les rencontre et commence son récit. Une des deux filles et les deux frères sont également décédés depuis 1978. Restaient donc le père Karp et la dernière fille, Agafia, née en 1945, dans la première isba.

Grâce à la base des géologues, relativement proche de la seconde isba et surtout à l’amitié de l’un d’eux, Erofiev, la survie fut possible, car en 1978 la famille était à bout de ressources après deux hivers très rudes.

L’auteur sait alerter la Russie tout en préservant les deux derniers Lykov de la foule et des médias. Comme Erofiev, Peskov a beaucoup d’affection pour ces deux ermites d’un autre âge. Son récit est admirable de pudeur, de fraîcheur, de respect, de tendresse discrète. On y retrouve la fameuse « âme » russe et la dignité des plus humbles.

C’est une grande leçon de simplicité, d’humanité. Agafia comme son père ne sont pas n’importe qui : quelle foi, quelle indépendance de caractère.

Bien longtemps après avoir fermé ce livre, ses personnages nous accompagnent encore. Un très grand document humain.

Jean Monge

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