Sylvia Stode-Studer, Les tziganes suisses. La marche vers la reconnaissance

Ed. Réalités sociales, 1987, 188 pages

Janine Dantan

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Sylvia Stode-Studer, Les tziganes suisses. La marche vers la reconnaissance, Ed. Réalités sociales, 1987, 188 pages

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Janine Dantan, « Sylvia Stode-Studer, Les tziganes suisses. La marche vers la reconnaissance », Revue Quart Monde [En ligne], 146 | 1993/1, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8961

Les Tsiganes suisses, les Yenisch, une minorité méconnue pour ne pas dire inconnue de la plupart d’entre nous. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Comment vivent-ils ? Quelles sont leurs coutumes ? Leur histoire et leur culture ? Telles sont les questions auxquelles Sylvia Stode-Studer s’efforce de répondre dans cet ouvrage.

Elle examine aussi et surtout les relations entre nomades et sédentaires, les conflits et l’incompréhension qui, de tous temps, les ont opposés. Les années 1920, 30 et 40 ont été le théâtre d’une chasse aux Tsiganes en Europe qui visait d’abord à réglementer, à « enserrer dans un carcan » les Romanichels. Les Etats avaient décidé qu’ils devaient renoncer à leur identité : « le voyage. » Persécutions, puis génocide de la Deuxième Guerre mondiale ou, en Suisse, tentative d’annihilation de leur culture.

Une large part du livre traite de l’œuvre « Enfants de la grande route » de Pro Juventute qui, de 1926 à 1973, a consacré l’enlèvement officiel d’enfants yenisch pour les implanter de force en milieu sédentaire. Une action qui a provoqué de nombreuses tragédies familiales et qui a failli démembrer la communauté yenisch.

Actuellement, et ce dans tous les pays d’Europe occidentale, le problème majeur est celui des lieux de stationnement. La politique de harcèlement et d’expulsion est courante ; des groupes nomades ont été forcés à la sédentarisation. Ils vivent généralement dans des conditions sociales très précaires.

Mais aujourd’hui, des Yenisch se sont regroupés et montrent une ferme volonté de faire connaître leurs droits. Ils parviennent ainsi à sensibiliser les autorités à leurs problèmes. Une force nouvelle les anime qui, malgré la précarité de leur situation dans notre société, laisse présager un avenir meilleur.

Ce livre extrêmement intéressant est écrit avec la rigueur d’une thèse - qu’il était à l’origine. Il contribuera au recul des préjugés et de l’intolérance des sédentaires et renforcera le respect des droits de la minorité nomade.

Janine Dantan

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