Voilà un livre qui est le fidèle reflet de son auteur ! Il est sans prétention (« je ne suis ni un croisé, ni un conquistador » prévient Gérard Klein). Il a le sens de la pédagogie. L’écriture est parfaitement adaptée pour le plus grand public : phrases courtes, sens de la formule qui fait mouche. Et surtout, il est écrit par un « people » généreux et curieux des autres. Alors certes, Gérard Klein se laisse aller à parler de lui. Il raconte sa « belle enfance », ses années de pensionnat, ses expériences de médias, son besoin de « revivre » avec son épouse, ses échecs cuisants lors de sa tentative de se métamorphoser en éleveur bio en Auvergne, sa vision du tourisme respectueux et son envie d’une nouvelle aventure professionnelle en filmant en famille des petites associations pour Internet. Mais il évite, heureusement, l’écueil de la biographie.
Son titre l’annonçait. Son projet, c’est de témoigner de gens formidables. « Aujourd’hui, explique-t-il au début du livre, j’ai envie de parler d’eux. J’ai envie de raconter mes belles rencontres avec ces gens qui, sans moyens, bougent des montagnes. J’ai envie de vous emmener dans un voyage où malgré la faim, la soif, les difficultés de tout ordre, l’engagement des uns peut rendre tous les autres optimistes. » C’est ainsi qu’il embarque son lecteur pour une odyssée à cent à l’heure au Népal, au Cambodge, en Bolivie, au Pérou, au Maroc, en France.
A chaque étape, des héros de l’ombre qui mènent des microprojets pour construire écoles, centres d’accueil pour enfants des rues, bibliothèques, centres de soins, coopératives agricoles... Et Maison de l’Amitié. Car la rencontre qui nous intéresse le plus directement est celle consacrée à un « curé pas comme les autres » : Alain Genin, volontaire d’ATD Quart Monde à Urkupina, un bidonville de La Paz, capitale de la Bolivie. Peut-on rêver meilleure publicité ? On peut, bien sûr, trouver que l’approche est relativement sommaire mais saluons ce titre : « de la charité à la citoyenneté ». Et également le passage dans lequel le globe-trotter explique qu’« à condition de les écouter, de les entendre, nous avons beaucoup à apprendre de ces "pauvres". »
On peut regretter que ce livre ne se démarque pas encore assez des ouvrages qui démontrent que le salut des pays du Sud passe par les bonnes volontés du Nord. Dommage, en effet, que soient mis en valeur trop de coopérants et volontaires associatifs occidentaux au détriment des partenaires autochtones. Reste l’essentiel : l’idée sympathique de médiatiser des anonymes, des humbles, pour les aider financièrement. En démontrant, petite action par petite action, individu par individu, qu’« une autre approche est possible ».