Antonella Invernizzi, La vie quotidienne des enfants travailleurs, Stratégies de survie et socialisation dans les rues de Lima

Ed.L’Harmattan, Coll. Recherches et Documents, Amériques latines, 2001, 286 pages, Préface de Riccardo Lucchini

Daniel Fayard

Bibliographical reference

Antonella Invernizzi, La vie quotidienne des enfants travailleurs, Stratégies de survie et socialisation dans les rues de Lima, Ed.L’Harmattan, Coll. Recherches et Documents, Amériques latines, 2001, 286 pages, Préface de Riccardo Lucchini

References

Electronic reference

Daniel Fayard, « Antonella Invernizzi, La vie quotidienne des enfants travailleurs, Stratégies de survie et socialisation dans les rues de Lima », Revue Quart Monde [Online], 183 | 2002/3, Online since 25 May 2020, connection on 25 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9393

Issu d’une thèse en sciences sociales soutenue par l’auteur en 1999 à l’Université de Fribourg (Suisse), cet ouvrage souffre malheureusement d’une écriture qui a tendance à se répéter et d’une présentation qui manque d’espace. Il serait dommage que le lecteur se laisse décourager par cette première impression, car l’ouvrage fourmille d’observations très fines.

Un certain nombre d’enfants et de parents très pauvres, vivant pour la plupart dans des quartiers très stigmatisés de la capitale péruvienne, ont été interrogés, pour retracer leur itinéraire ou recueillir leurs sentiments et leurs opinions ; ils ont été observés dans leurs comportements durant divers séjours de l’auteur à Lima entre 1993 et 1997. Propos et observations, analysés de 1997 à 1999, sont restitués ici pour rendre compte des réalités vécues, en essayant de le faire à partir des acteurs eux-mêmes.

On a une illustration saisissante de la diversité des activités pratiquées dans la rue, non seulement par les enfants mais aussi par leurs parents, en particulier par leur mère. L’auteur fait percevoir qu’elles donnent lieu à des projets, à des stratégies et qu’elles confèrent des compétences. Ce qui n’est pas généralement perçu.

On a également la possibilité de voir évoluer ces “acteurs” sur plusieurs années, donc de se rendre compte des évolutions ou des stagnations qui les affectent sous l’effet de divers facteurs (modifications intervenues dans les réglementations municipales, recompositions familiales, différenciations qui se manifestent entre enfants selon leur âge, leur sexe et leur fratrie, ou résurgences coutumières imputables à une origine rurale ou urbaine.

Les appréciations portées sur ces réalités se profilent selon la conception que l’on se fait du travail des enfants. Ou on le conçoit comme une entrave au développement de l’enfant : le caractère le plus souvent marginal de son activité ne lui permet pas de s’affranchir de la misère et son aspect peu formateur camoufle une sorte d’exploitation. Auquel cas il convient de viser soit à l’élimination de cette activité soit à la protection de l’enfant travailleur. Ou bien on conçoit le travail de l’enfant comme une partie de son expérience de socialisation. Auquel cas il convient de viser à la valorisation et à la promotion de ses activités tout en luttant contre les risques d’exploitation.

Daniel Fayard

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