Nathalie Bénézet signe son troisième roman La femme minérale. Les éditions Maurice Nadeau ont reçu ce texte et le publient alors que le thème n’est pas porteur. La grande pauvreté n’a jamais attiré les foules mais l’auteure a réussi à porter très haut ce texte grâce à des qualités littéraires exceptionnelles. Elle conduit une intrigue digne d’un roman policier, elle livre ses réflexions profondes qui lui sont dictées par l’aversion de l’injustice et elle fait même des incursions dans des sentiments personnels qui accompagnent cette quête très décapante.
En tant que narratrice, elle se met en scène pour refuser qu’une famille au fond du désastre reste seule et reste incomprise par son entourage, ses enfants, ses juge et avocat. En toute discrétion, et même de façon mystérieuse, elle accompagne de loin, puis de plus en plus près le couple en désarroi. Elle offre sa présence en respectant profondément l’intimité et le désir d’agir encore présent dans le couple. La scène au tribunal est d’une grande force et d’une grande beauté. Il faut avoir l’expérience de Nathalie et l’empathie profonde avec les gens écrasés pour être capable de voir et sentir réellement ce qui se passe dans cette salle de tribunal, et il faut avoir la plume de Nathalie pour être capable de transmettre tout cela, à ceux qui n’ont pas toute sa sensibilité.
Elle fait comprendre par l’intelligence sensible des réalités qui restent le plus souvent silences et tabous. C’est pour cela que ce texte est un si beau cadeau.