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Livre stupéfiant, qui renverse la vision qu’on se fait du mendiant. J’aimerais savoir comment Étienne Helmer a compris, d’où ça lui vient cette inversion du regard. Il parle des nombreuses lectures dans lesquelles il a pioché, comme le magnifique texte de l’écrivain sud-africain J.M. Coetzee, Michael K., sa vie, son temps qu’il est d’ailleurs fort intéressant de lire juste après Mendier peut-être. À partir de la figure du mendiant, Étienne Helmer interroge toute la philosophie occidentale, qui, selon lui, se base sur le regard du non-mendiant et qui, par conséquent, est incapable de voir dans le mendiant un être porteur de positif, et le condamne à rester dans cette appellation de l’être-sans : celui ou celle qu’on définit inlassablement par ses manques. En s’appuyant sur Diogène et deux autres figures de mendiant issues de la fiction cette fois, il déconstruit l’idée de l’être-sans et montre la puissance critique qui réside dans la mendicité, sans en faire l’apologie ni en donner une image romantique. La mendicité est ce questionnement constant et intemporel de la séparation du monde et, contrairement à ce qu’on en dit, elle reconstruit du commun puisqu’elle instaure une relation entre les êtres séparés, relation que le mendiant provoque lui-même, lui qui se vit dans le monde et non hors du monde. Son refus d’être hors du monde le rend agent critique qui s’acharne à remettre du commun là où le non-mendiant inscrivait la frontière de la séparation entre lui et le mendiant. C’est un texte éminemment instructif qui rejoint, à mon avis, la détermination du Quart Monde a sans cesse retisser du commun entre les milieux séparés.