A l'écoute des autres

Rédaction de la Revue Quart Monde

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « A l'écoute des autres », Revue Quart Monde [En ligne], 202 | 2007/2, mis en ligne le 05 novembre 2007, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/1295

Burkina Faso : Déclaration finale du Forum Social

Le premier forum social du Burkina Faso a eu lieu du 28 au 30 mars 2007 à l’ENEP (Ecole Nationale des Enseignants du Primaire) de Loumbila (près de Ouagadougou). Ce forum a été préparé depuis le 6 mai 2006 par une trentaine d’associations du Burkina Faso.

Pendant 3 jours, il a rassemblé 750 personnes de plus de 150 associations avec des délégations de France, du Canada, de Belgique, d’Espagne, d’Italie, de Cuba, du Bénin, du Niger, du Mali et de toutes les régions du Burkina Faso.

Les participants à ce forum ont retenu quelques recommandations qu’ils souhaitent transmettre à tous ceux qui se sentent interpellés par les situations d’injustice profonde engendrées par la mondialisation néo-libérale. (…)

« Nous, participants au premier forum social du Burkina, Nous refusons les politiques néolibérales qui ne cessent de creuser les écarts entre nations riches et nations pauvres, entre riches et pauvres dans une même nation... et dont on nous fait croire qu’elles sont le seul modèle économique possible. (…)

Nous refusons les privatisations, telles qu’elles sont faites, car elles sont une spoliation des richesses nationales et un abandon du service public. Nous refusons les accords commerciaux inéquitables tels qu’ils sont dans le TEC (Tarif douanier = Tarif Extérieur Commun) actuel et dans les APE (Accords de Partenariat Economique) tels que l’Union Européenne veut nous les imposer (et dont les populations dûment informées ne veulent pas).

Nous refusons la destruction de notre agriculture qui va en résulter et dont vit pourtant 80% de notre population aujourd’hui. (…)

Ns refusons toute exclusion, quelle qu’elle soit.

Nous, participants au premier forum social du Burkina.

Nous réaffirmons l’urgence d’une politique agricole qui prenne pleinement en compte la souveraineté alimentaire. (…)

Nous sommes solidaires de tous ceux qui luttent pour leur dignité, leurs intérêts matériels et moraux, en organisant des forums, en informant les populations à la base, en organisant des marches légales et non-violentes, en disant « non » aux politiques inadmissibles qui nous écrasent, en étant solidaires de ceux qui souffrent et qui sont exclus,... en nous appropriant nos vies dans une logique où ce n’est plus la puissance financière qui nous domine, mais dans une logique où l’homme et la femme sont remis au centre !

Oui, un autre monde est possible,

Oui, une autre Afrique est possible, unie et forte,

Oui, un autre Burkina est possible, moins corrompu, plus juste, plus solidaire ! » (web : lefaso.net, 03/04/07)

France : Il creuse la tombe de son père

Un habitant de Laon (Aisne) âgé de 22 ans a creusé la tombe de son père avec l'aide de trois amis, dans le cimetière de la ville. Fils d'un ouvrier agricole de 55 ans décédé il y a une semaine à l’hôpital, Hervé Féton, en recherche d'emploi, n'avait pas les moyens d'honorer la facture des pompes funèbres qui s'élevait à 1 700 euros. Celle-ci est ainsi passée à 1 200 euros. Le cas du jeune homme, qui a suscité des réactions de solidarité, doit être étudié par le centre communal d'action sociale de la mairie de Laon. (Le Parisien, 14/02/07)

Mexique : La galette de maïs devient trop chère

Le prix de la tortilla flambe au Mexique, faisant descendre dans la rue une bonne partie des 15 millions de pauvres qui font de cette galette de maïs leur aliment de base. Cette spéculation est une conséquence de l'accord de libéralisation connu sous le sigle Aléna et signé en 1994 entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Bénéficiant de soutiens internes importants, les producteurs américains de maïs ont enfoncé et ruiné nombre de producteurs mexicains à la faveur d'un système de transition qui augmentait les livraisons américaines de 3 % par an au Mexique (...) La production mexicaine ayant fortement diminué faute de faire vivre les paysans nous arrivons en 2007 à un moment où les fermiers américains vendent de plus en plus de maïs dans leur propre pays pour produire des carburants. (L'Humanité, 12/02/07)

Union européenne : Quelle intégration pour les migrants ?

75 % des migrants arrivés dans l'Union européenne y sont parvenus de façon régulière. Mais près de 30 % deviennent ensuite des migrants en situation irrégulière en raison des difficultés rencontrées dans leur parcours d'intégration (problèmes de stabilité d'emploi et de logement) soulignait en novembre 2005 le sociologue italien Salvatore Palidda lors d'un Forum d'ONG européennes à Messine, en Italie. Et de relever que les pays européens utilisent en moyenne 80 % des budgets nationaux consacrés aux migrations à la dimension sécuritaire contre 20 % aux actions d'intégration. (Faim Développement, janv./fév. 2007)

Unesco : Des Philippins non scolarisés réalisent un CD-ROM

Les protocoles sanitaires pour le traitement de la tuberculose, la prévention de l'épidémie de dengue et du parasitisme sont quelques-uns des thèmes abordés dans les CD-ROM réalisés par 14 jeunes non scolarisés aux Philippines, dans le cadre d'une formation organisée du 5 au 30 mars 2007.

Le programme de formation sur le développement de contenu multimédia était organisé à Barangay Payatas (Quezon City), dans le cadre du projet eKPD (e-Knowledge Public Domain) soutenu par l'UNESCO. Barangay Payatas est une agglomération urbaine pauvre des Philippines de plus de 200 000 habitants, dont près de 80 % vivent de petits boulots (chiffonniers, ferrailleurs, colporteurs, vendeurs, ouvriers).

La formation a permis aux participants de créer des outils d'information traitant des problèmes sanitaires prioritaires de la communauté, tout en s'initiant à l'informatique. En vue de la préparation du matériel interactif, les participants ont mené une enquête rapide sur la situation sanitaire dans la zone, documenté des cas réels et réuni les dernières statistiques sur l'agglomération dans le domaine de la santé... (web: Unesco, Communication et information, 14/0412007)

Pays en développement : Santé et éducation : modifier l'aide

Les donateurs et bailleurs de fonds doivent modifier la manière dont ils octroient l'argent et financent les programmes de santé et d'éducation dans les pays en développement, en prenant des engagements à long terme et en soutenant des plans nationaux. Voilà en résumé la substance du dernier rapport d'Oxfam international qui met l'accent en particulier sur la nécessité de promouvoir des agents de qualité avec des salaires motivants. (...)

Le financement de travailleurs qualifiés s'avère donc absolument nécessaire, comme l'atteste le rapport d'Oxfam, pour fournir des services éducatifs de qualité et de santé pour tous. Malheureusement, l'orientation actuelle des mécanismes de l'aide ne permet pas de combler les immenses gaspillages recensés au niveau de la formation et de la motivation des agents des secteurs éducatif et sanitaire. Comme l'établit pour ainsi dire le rapport d'Oxfam, «  l'aide actuelle ne touche pas les pauvres, car pour chaque dollar donné, seuls 8 cents (moins de JO %) vont dans des plans gouvernementaux qui incluent la formation et les salaires des professeurs et des travailleurs de la santé ». Conséquence: quelque deux millions de professeurs et 4,25 millions de travailleurs de la santé, selon les statistiques du Rapport mondial 2006 sur la santé, doivent être recrutés si l'on veut que la santé et l'éducation pour tous dans les pays pauvres deviennent des réalités palpables.

Dans le souci de redresser par conséquent ces déséquilibres qui plombent immanquablement l'effort de développement des pays en développement et l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement, Oxfam a lancé par le biais de son rapport 2007 un vibrant appel aux donateurs afin qu'ils procèdent à une modification de leurs formes d'intervention. Toute chose qui permettrait sans nul doute de combler le déficit des deux millions de professeurs qualifiés d'école primaire nécessaires cette année et des deux millions de plus chaque année jusqu'en 2015, voire des quatre millions de professionnels de la santé et d'auxiliaires requis par le système sanitaire, dont un quart en Afrique subsaharienne. (Sud Quotidien Dakar, 14/04/07, web: aIlAfrica.com)

Monde : Les tribus victimes de l'écologie

Sur tous les continents, des millions de personnes ont été chassées de leurs terres au nom de la conservation des espèces. La misère de ces populations déplacées suscite à présent une prise de conscience. (...)

Au cours des trois dernières décennies, les nomades massaïs ont perdu une large part de leurs pâturages au profit de projets de conservation dans tout l'est de l'Afrique. En fait, « au début, les conservateurs de la nature, c'était nous» a ajouté Martin Saning'o (lors d'une session du Congrès mondial de la nature organisée en novembre 2004 à Bangkok). Il a calmement expliqué la façon traditionnelle dont les éleveurs de bétail, bergers et nomades, ont toujours préservé leurs pâturages. Puis il a tenté de comprendre l'étrange démarche de préservation de la nature qui a plongé son peuple dans la misère - plus de 100 000 Massaïs ont été expulsés du sud du Kenya et des plaines de Serengeti en Tanzanie. Comme les Twas, les Massaïs n'ont pas bénéficié de compensations adéquates. Leur culture est en train de disparaître et ils vivent dans la misère. « Nous ne voulons pas vous ressembler » a poursuivi Martin Saning'o devant une assemblée de visages blancs choqués. « Nous voulons que vous nous ressembliez. Nous sommes ici pour changer vos mentalités. Vous ne pouvez pas protéger l'environnement sans nous ». (Orion Magazine, cité par Courrier international. 22-28/02/07)

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