J’ai pris comme de petites habitudes...
Lorsque je ne possède pas encore assez un chant,
Que nous avons commencé d’apprendre,
Les semaines précédentes,
Il suffit que je me place
Tout près d’une personne
Qui le connaît bien,
Je penche la tête vers elle,
Et hop,
Aux premiers mots qu’elle entonne
Je retrouve notre voix,
Et je peux continuer seule.
Ce jour-là,
En avril dernier,
Nous apprenions ce si beau chant de Bortnansky :
Tebe Poem.
Pour assurer notre voix,
Jean-Paul nous faisait chanter en rond,
Par voix,
Chacun se tenant la main.
A ma droite, Carole ;
A ma gauche, Annette.
Je me penche vers Carole,
Je sais qu’elle chante dans deux ateliers,
Alors c’est souvent vers elle,
Les autres jours,
Que je « rattrape » la voix des altis.
Nous répétons.
Longtemps.
Nous recommençons la même phrase.
Alors je peux me redresser,
Et donner cette belle voix de Tebe Poem
Voilà,
Je suis sûre maintenant
Je la connais.
Alors soudain,
J’entends Annette.
D’une petite voix douce et juste,
Elle chante à côté de moi,
De l’autre côté.
Et c’est comme si tout à coup,
Je me détache de ma voix,
Pour ne plus entendre qu’elle...
Un vrai moment de bonheur...
En rentrant le soir je m’interroge.
Je sais que tant que je ne connais pas par cœur une voix,
J’ai tendance,
Etrangement,
A la chanter trop fort.
Pour entendre la douce voix d’Annette,
N’a-t-il pas fallu que je me tourne vers elle,
Seulement,
Une fois assurée de la mienne ?
Et je me dis soudain :
Qu’en est-il de nous,
De nos rencontres ?
De quelle manière vivons-nous en nous
La révélation des petites voix
Qui nous entourent ?
Annette,
Depuis combien de temps
Chantais-tu
A côté de moi
La voix que je cherche ?