Le Quart Monde artisan de la communauté

Louis Join-Lambert

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Louis Join-Lambert, « Le Quart Monde artisan de la communauté », Revue Quart Monde [En ligne], 124 | 1987/3, mis en ligne le 30 mai 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3023

Le traité de Rome a donné naissance à la Communauté Économique Européenne (CEE) le 25 mars 1957. Dans l’esprit de ses promoteurs, cette Communauté devait passer par l’économique pour atteindre non pas la « coalition des États » mais « l’union des hommes ». Or le Quart Monde témoigne dans chaque territoire de leur désunion et il refuse le manque d’intégration de chacune des communautés correspondantes.

Les 30 ans de la Communauté européenne donnent l’occasion de réfléchir à la dimension politique du refus de l’exclusion des plus pauvres.

Depuis plus d’une quinzaine d’années pour certains, des femmes et des hommes ont pris cette question au sérieux. Ils ont œuvré pour que les politiques auxquelles ils étaient associés selon leur place et leur fonction, tiennent compte des plus pauvres de l’Europe. Il a donc paru intéressant et légitime de tenir d’eux la narration de cet effort et les réflexions qu’ils en tirent.

Il a semblé également légitime de laisser paraître la place importante que le Mouvement ATD Quart Monde tient dans leurs récits. Celui-ci les a aidés, pour la plupart, à mieux cerner des possibilités concrètes de jouer un rôle précis dans la reconnaissance des plus pauvres. De plus, à l’occasion de ses trente ans qu’il fête comme la Communauté européenne, le Mouvement est sensible aux encouragements de ceux qui sont devenus des amis.

Robert Pendville, un des fondateurs du Mouvement en Belgique, fonctionnaire à la Commission européenne et Ton Redegeld, fonctionnaire néerlandais devenu volontaire du Mouvement ont reconstitué la manière dont le Quart Monde s’est fait progressivement entendre des instances communautaires en ouvrant des portes, des intelligences et des cœurs ainsi qu’en affirmant le droit des plus pauvres à être reconnus et pris en compte dans toutes les politiques.

Puis cinq auteurs appartenant ou ayant appartenu aux instances de la Communauté, examinent de leur point de vue propre différentes contributions de l’Europe à l’amélioration de la situation des plus défavorisés.

Jacques-René Rabier et Léo Crijns, anciens hauts fonctionnaires de la Commission européenne, présentent les programmes de lutte contre la pauvreté mis en œuvre par la Commission.

Phili Viehoff et Gloria Hooper qui ont agi en tant que parlementaires européennes soulignent, pour la première, le lien étroit entre l’illettrisme et la pauvreté, pour la seconde, l’intérêt de s’adresser à la famille pour aider les populations dans le besoin.

Un ancien Commissaire européen, Ivor Richard, pose la question de la représentation des plus pauvres et montre que la Commission peut en faire progresser les données.

Ce dossier s’est voulu fidèle à une histoire vraie. Il fallait donc montrer que la solidarité des hommes de dossiers se bâtit aussi à travers les dossiers, ce qu’Anne-Marie Rabier et Françoise Fierens illustrent en présentant la démarche significative d’un groupe de fonctionnaires.

La fidélité à la même histoire conduisait enfin à Alwine de Vos van Steenwijk comme plusieurs articles le soulignent. Elle conclut le dossier comme un marin qui a fait le point confirme la route : il est des chances à saisir sans retard dont nous sommes redevables aux Européens les plus pauvres et aux génération nouvelles.

Les institutions de la communauté européenne

La Communauté européenne fonctionne à l’aide du Conseil, de la Commission, du Parlement européen et de la Cour de Justice.

Le Conseil est formé des « représentants des États membres », généralement les ministres des affaires étrangères ou les ministres spécialisés (il y a ainsi des conseils de l’agriculture, des finances, des affaires sociales…). Conçu comme un instrument de coordination, il est devenu en fait le centre principal des décisions.

La Commission, quant à elle, est un organe collégial dont les membres ne doivent représenter aucun État membres en particulier. Nommés par les gouvernements, ils doivent offrir « toutes les garanties d’indépendance ».

Le moteur de la communauté réside aujourd’hui dans le dialogue entre la Commission, chargée d’exprimer le point de vue communautaire, et le Conseil qui exprime les vues des gouvernements. Dans la plupart des cas, la Commission propose le Conseil décide et la Commission exécute.

Le Parlement européen, élu au suffrage universel direct par les citoyens des pays membres de la Communauté, siège à Strasbourg et à Luxembourg. Il exerce un pouvoir de contrôle et, surtout, un rôle consultatif à l’égard de la Commission et du Conseil.

La Cour de Justice, formée de magistrats et d’avocats mandatés par les États membres est chargée « d’assurer le respect du droit dans l’interprétation des traités ». La Cour se prononce sur les litiges entre États membres, entre institutions communautaires, entre États et institutions et entre les personnes, physiques ou morales, et la Communauté.

Ces organes institutionnels sont complétés par une Cour des comptes qui vérifie la gestion de la Communauté, mais aussi par le Comité économique et social, organe consultatif, formé de membres représentant les organisations syndicales et professionnelles et nommées par le Conseil. Il donne des avis à la demande des institutions.

Louis Join-Lambert

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