Michaël Le Galli, Marie Jaffredo. Les Damnés de Paris

Éd. Vents d’Ouest, 2014, 128 pages

Jean Tonglet

p. 62

Référence(s) :

Michaël Le Galli, Marie Jaffredo. Les Damnés de Paris, Éd. Vents d’Ouest, 2014, 128 p., 22 €

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Jean Tonglet, « Michaël Le Galli, Marie Jaffredo. Les Damnés de Paris », Revue Quart Monde, 239 | 2016/3, 62.

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Jean Tonglet, « Michaël Le Galli, Marie Jaffredo. Les Damnés de Paris », Revue Quart Monde [En ligne], 239 | 2016/3, mis en ligne le 01 février 2017, consulté le 19 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6710

Une bande dessinée abordant la question de la misère et du placement des enfants est suffisamment rare pour avoir retenu mon attention au hasard des Journées du livre dans un village du Vaucluse l’été dernier. L’histoire, magnifiquement illustrée par Marie Jaffredo, est celle d’une jeune femme de province, Constance, débarquant à Paris en mai 1869, à la recherche de son fils qui, à sa naissance, lui a été enlevé pour être placé en orphelinat. Elle-même a passé dix longues années dans un couvent.

Cette plongée dans l’univers de la ville est vertigineuse. Puanteur des rues, mauvaises rencontres - un policier lui conseille une pension de famille qui se révèle être une maison de passe, etc. Perdue dans cet univers urbain, elle fait la connaissance d’un jeune garçon, un « titi » parisien, Darius, qui, comme tous les enfants vivant dans la précarité la plus grande, a développé un art de la survie, de la débrouille, démontrant une vive intelligence. Darius devient le guide de Constance. Une amitié se crée ainsi entre eux, mais aussi avec Argan, une sorte de « grand frère » de Darius.

Si le dessin de Marie Jaffredo m’a envoûté, car il nous permet de nous immerger de manière crédible dans le Paris de ces années, en pleine transformation sous la conduite du Baron Haussmann, le scénario ne m’a pas totalement convaincu. Il est, sans aucun doute, parfaitement documenté - je pense notamment aux rencontres au fil des pages avec des grands noms de l’époque : Renoir, Zola, Manet, Nadar, Vallès, Gambetta - , mais l’histoire de Constance et de la quête de l’enfant qui lui a été arraché, point de départ de cette histoire tragique, ne me semble pas avoir été exploitée jusqu’au bout, au point qu’elle devient presque secondaire, s’effaçant devant l’histoire d’Argan et de Darius.

Une relative déception donc, qui n’empêche cependant pas de goûter à cet album nous faisant toucher du doigt la dureté de la vie offerte à toute une part de la population française, à la veille de la guerre de 1870 et de l’insurrection de La Commune.

Jean Tonglet

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