Lyes Louffok. Dans l’enfert des foyers

Éd. Flammarion, 2014, 257 p.

Marie-Odile Diot

p. 59

Référence(s) :

Lyes Louffok. Dans l’enfert des foyers, Éd. Flammarion, 2014, 257 p.

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Marie-Odile Diot, « Lyes Louffok. Dans l’enfert des foyers », Revue Quart Monde, 241 | 2017/1, 59.

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Marie-Odile Diot, « Lyes Louffok. Dans l’enfert des foyers », Revue Quart Monde [En ligne], 241 | 2017/1, mis en ligne le 15 septembre 2017, consulté le 18 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6813

Dans ce livre de révolte et de dénonciation écrit à la première personne, Lyes relate sa vie d’enfant placé dès la naissance. Balloté de familles d’accueil en foyers, il dénonce la manière dont l’Aide Sociale à l’Enfance a agi vis-à-vis de lui. « Nous ne sommes que des cas sociaux, des dossiers plus ou moins épais. »

À part une courte période où il a été dans une famille qui l’a aimé, il a vécu la quasi-totalité du temps en foyers et il raconte sur ceux-ci beaucoup de choses terribles. Ce placement qui devait lui permettre de grandir et d’être éduqué produit de fait le résultat inverse. L’organisation, mêlant petits et grands, fait qu’un enfant devient rapidement de plus en plus violent, déstructuré, destructeur… Lyes décrit par le détail les mauvais traitements que les plus grands font subir aux petits dans les foyers, la destruction de l’estime de soi que cela provoque et, quand l’enfant est devenu trop violent, les traitements médicamenteux qui lui sont imposés.

Le lecteur peut se représenter l’immense solitude de cet enfant qui ne sait pas sur qui compter. Lyes parle d’une seule personne qui a été importante pour lui et il pense que c’est grâce à elle, ainsi qu’à ses toutes premières années où il a été aimé dans une famille d’accueil, qu’il a pu reprendre pied dans la vie. « On m’a aimé quand même un peu. On m’a donné la force qu’il fallait pour ne pas sombrer, l’envie de me battre. »

Dans un chapitre, la parole est donnée à cette femme qui a soutenu Lyes au fil des années. Bien qu’ayant de petits moyens financiers, elle a fait des choses toutes simples qui ont beaucoup compté pour lui et lui ont permis souvent de ne pas sombrer. Elle le raconte tout simplement et cela peut nous faire prendre conscience à quel point une solidarité au quotidien peut être vitale.

À la fin du livre, plusieurs chapitres sont d’une toute autre tonalité, car il s’agit de propositions concrètes visant à améliorer la prise en charge des enfants en foyer, de réflexions quant au bien-fondé du placement en lui-même, et des modalités de sa mise en œuvre. Ces textes redonnent du poids et du recul à un livre qui, bien que dénonçant l’intolérable, le décrit peut-être avec un certain manque de recul et d’analyse.

Marie-Odile Diot

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