Burkina Faso. Retrait des enfants et des femmes de la rue1
L’Union pour le progrès et le changement (UPC) publie cette contribution au débat :
[…] Le phénomène des enfants de la rue constitue un problème sociétal auquel sont confrontées certaines nations au plan mondial, et le Burkina Faso en particulier. C’est pourquoi au plan mondial, l’UNESCO, institution chargée du domaine, a tiré la sonnette d’alarme en 1990 à Jomtien (Thaïlande) par une déclaration dont la teneur est la suivante : « Les pauvres, les enfants qui travaillent, ne doivent subir aucune discrimination dans l’accès à l’éducation et à la formation ».
Cette conférence mondiale sur l’éducation pour tous s’appuyait sur des statistiques de plus de 100 millions d’enfants dans le monde en situation difficile. L’éducation étant un droit fondamental, les États présents et l’UNESCO ont pris l’engagement de s’inscrire résolument dans la lutte contre le phénomène. À cet effet, des centres pilotes ont été initiés par certains États africains tels que la Namibie, le Sénégal, le Mali et le Togo, afin de mieux cerner la problématique des enfants de la rue, et d’envisager la vulgarisation des meilleures pratiques en éducation. Comme nous le constatons sur le terrain, le phénomène a la cuirasse dure et perdure, car puisant sa source dans nos cultures et s’alimentant de la pauvreté ambiante.
[…] L’idée telle quelle est lumineuse et salutaire. Mais son application pose problème dans la mesure où l’opération n’ouvre pas clairement une fenêtre sur des éléments clés qui favoriseraient l’inclusion des marginaux. […] Les structures d’accueil existantes s’avèrent insuffisantes, au regard du nombre très élevé de cas qui se répartissent sur l’ensemble du territoire national. Pour l’instant, les rares centres d’accueil proposés par le ministère se trouvent à Ouagadougou.
[…] Cette opération n’est pas un jeu de six mois ou d’un an, mais une œuvre de longue durée. Au niveau sous régional, les décideurs devraient se pencher, comme l’ont fait six pays ouest-africains qui ont mutualisé leurs moyens pour mettre en place une structure dénommée Karanta, afin de booster l’alphabétisation concernant les enfants en pareille situation.
[…] En rappel, depuis 2007, une loi d’orientation de l’éducation nationale a été adoptée au Burkina Faso. Cette loi fait obligation aux enfants de fréquenter les structures éducatives jusqu’à l’âge de 16 ans.
France. Une mendiante rom jugée en appel pour maltraitance2
Condamnée à un an de prison ferme pour maltraitance sur ses deux enfants avec lesquels elle mendiait à Nice, une jeune femme rom était jugée en appel le 17 octobre à Aix-en-Provence, quelques jours à peine après son accouchement.
[…] Malgré l’absence de signes de sévices physiques sur ces derniers, on lui reproche des « violences sans incapacité sur un mineur de moins de 15 ans » sur la base de témoignages de commerçants niçois. Ainsi qu’une « privation de soins ou d’aliments compromettant la santé d’un mineur de moins de 15 ans » pour les avoir maintenus en situation de mendicité dans la rue. Son avocat a fait appel de cette sanction sévère. La nouvelle audience a lieu le 17 octobre, journée mondiale de refus de la misère.
[…] C’est une commerçante niçoise qui a appelé la police le 4 juin pour signaler que Bianca donnait « des coups de poing sur la tête » de sa petite fille de 18 mois. La jeune femme est bien connue dans ce quartier touristique de Nice, où elle mendie depuis plusieurs années avec ses deux enfants. Son compagnon, lui, travaille au noir. D’après la commerçante qui l’aurait aussi vue par le passé « les projeter au sol », ces violences étaient « quasi quotidiennes depuis janvier 2018 ». Le même témoin, a selon l’avocat de Bianca, déclaré que « la Roumaine », comme elle l’appelait, mettait à la poubelle les petits pots donnés par des commerçants pour ses enfants…
Lors de l’enquête de voisinage, trois autres commerçants ont d’abord confirmé les coups. Mais […] par la suite « l’un ne verra plus rien, l’autre verra des gifles et le troisième ne sera pas réinterrogé ». Les deux médecins qui ont examiné les enfants ne relèvent eux « aucun signe de sévices physiques », mais un manque d’hygiène flagrant.
[…] La défense a fait citer trois témoins. La première Flavie, 41 ans, a rencontré Bianca à l’automne 2017, devant l’église qu’elle fréquentait, puis l’a revue presque tous les jours, lui donnant du lait pour bébé, des vêtements et une couverture en polaire « pour la poussette pour la petite ». « Elle m’avait aussi demandé des chaussures pour les enfants. Ils étaient très proches, comme deux petits enfants qui restent tout le temps avec leur maman. » Elle n’a jamais été témoin de maltraitance. Via l’association Pralès de Victor Costache, elle a tenté d’aider Bianca à refaire ses papiers d’identité auprès du consulat de Roumanie à Marseille, afin de scolariser son fils. Puis elle a entamé des démarches pour la visiter en prison, mais vient seulement d’obtenir l’autorisation de l’avocat général pour trois parloirs.
La seconde, Patricia, une bénévole niçoise de 71 ans, était présente à la première audience le 13 juillet. Elle est encore choquée par le « ton et les questions » des juges du tribunal de grande instance de Nice. « Je ne voudrais pas manquer de respect à la présidente, mais quand on a dit à Bianca : ‘Comment ça se fait dans la situation où vous êtes, que vous soyez encore enceinte ? En France, on est dans un pays, où on peut empêcher ça’, j’ai failli me lever. »
[…] Le troisième témoin, Bernard Moriau, (est) généraliste et bénévole à Médecins du monde en Seine-Saint-Denis. […] Fort d’une expérience de quinze ans en région parisienne, il explique combien les squats et bidonvilles, peuplés de rats, d’ordures ménagères, souvent situés en bordure de voies rapides ou de canaux, sont dangereux pour des enfants. Plusieurs y sont décédés depuis 2009 dans des incendies. « Alors on est content quand les femmes prennent leurs enfants avec elles », conclut cet homme de 67 ans.
L’accès au système de soin est quant à lui rendu difficile par les expulsions répétées qui « brisent les efforts des associations » et la peur d’être arrêté ; une circulaire de 2006 autorisant l’interpellation sur les lieux de soin. 90 % des personnes roms qui pourraient avoir droit à l’aide médicale d’État (AME) n’en bénéficient pas, assure-t-il. Et pour les titulaires de l’AME, beaucoup se heurtent à des refus de soin en médecine de ville.
[…] L’avocat général, qui juge la décision du tribunal de grande instance de Nice « particulièrement sévère », réclame lui de la réduire à six mois de détention.
[…] « Il y avait tous les clichés sur les Roms, mais à décharge de Bianca », remarque en souriant à la sortie de l’audience une bénévole niçoise, soulagée qu’il ait demandé d’abaisser la peine. Deux militants niçois de la Ligue des droits de l’homme (LDH), qui a rendu publique l’affaire, étaient également présents, dont un commerçant outré par le traitement de la ville envers les SDF et les mendiants.