Danielle Pampuzac, Myriam, l'enfant de personne

Ed. Hachette / Carrère, Paris, 1994, 280 pages

Janine Dantan

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Danielle Pampuzac, Myriam, l'enfant de personne, Ed. Hachette / Carrère, Paris, 1994, 280 pages

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Janine Dantan, « Danielle Pampuzac, Myriam, l'enfant de personne », Revue Quart Monde [En ligne], 153 | 1995/1, mis en ligne le 20 mai 2020, consulté le 26 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9009

Roman de la réalité, l’histoire de Myriam est une histoire vraie. C’est le récit d’une enfance affreuse dont on se relève difficilement.

Déposée à la DDASS à l’âge de six mois par une mère démunie, placée chez une nourrice dans les quartiers nord de Marseille, où elle fut heureuse jusqu’à l’âge de 3 ans, jusqu’au moment où les visites de sa mère s’interrompirent et où elle apprit brutalement : « Ta mère ne reviendra jamais, elle t’a abandonnée, elle ne veut plus de toi. » De ce jour commença la longue attente qui devait durer toute sa vie et conditionner son avenir : « Maman où es-tu ? Pourquoi m’as-tu abandonnée ? »

Ballottée d’un foyer à l’autre, pour Myriam la galère commence : au foyer du Bon Pasteur de Marseille peuplé d’orphelins, tout aussi sinistre que la DDASS, punie pour des peccadilles, mise en isolement, privée des visites de sa nourrice, elle tente une première fois de se suicider. Cela lui vaut un transfert au Bon Pasteur d’Avignon, avec un dossier de « caractérielle. »

De révoltes en fugues, de rencontres amoureuses en viol, de coups en tentatives de suicide, la DDASS la récupéra seize fois : à Toulouse, à Clermont-Ferrand, à Nice, à Bordeaux… Rien le lui sera épargné… Et toujours l’envie de retrouver sa mère, et toujours l’errance de ville en ville et, après des kilomètres en auto-stop, ce fut Paris et un nouveau foyer « Place Clichy » et une nouvelle tentative de mettre fin à sa vie au rasoir.

Rien ne lui sera épargné : son expérience du mariage fut un désastre. Elle n’était vraiment pas faite pour la vie dans une maison familiale, ni la vie en HLM. Deux enfants très vite, la fuite du mari et de nouveau la galère et de nouveau la DDASS, mais pour ses enfants, cette fois, heureusement récupérés par sa belle-famille.

Des milliers d’enfants et d’adolescents, aujourd’hui en France, mènent une vie qui ressemble à la sienne : celle d’enfant abandonné, qu’une enfance sans parents rend particulièrement fragile.

Le destin de Myriam, ce sera finalement ce livre : en posant les vrais problèmes et en criant son espoir, ancré bien profond, de retrouver sa mère.

La chanteuse Linda de Suza, en présentant ce livre, dans lequel elle a reconnu sa propre blessure de petite fille, a voulu donner la parole à l’enfance malmenée

Janine Dantan

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