Jean Rouaud, Des hommes illustres

Editions de Minuit, Paris, 1993, 176 p.

Janine Dantan

Référence(s) :

Jean Rouaud, Des hommes illustres, Editions de Minuit, Paris, 1993, 176 p.

Citer cet article

Référence électronique

Janine Dantan, « Jean Rouaud, Des hommes illustres », Revue Quart Monde [En ligne], 149 | 1993/4, mis en ligne le 19 mai 2020, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/8951

Après son prix Goncourt 1990 pour Les champs d’honneur, Jean Rouaud poursuit dans ce livre la chronique douce-amère de sa famille, toujours fidèle aux bons sentiments, aux souvenirs pieux, aux personnages effacés…

Après le destin des grands-parents, liés à la Seconde guerre mondiale, l’écrivain de la mémoire se souvient de son père, mort lorsqu’il avait 11 ans, héros discret de la Résistance, homme de théâtre reconverti dans la quincaillerie pour nourrir sa famille.

Incroyablement attachante, l’image de ce père n’apparaît que progressivement, au centre de parenthèses sur la vie quotidienne d’une autre époque, ses objets, ses pratiques, ses mentalités… Puis, viennent les précieux moments d’intimité avec le père dont on sent, dès le départ, le tragique éphémère.

Joseph, pourtant, n’est pas un saint. « Je voulais le présenter dans sa trajectoire d’homme, avec ses limites, l’alcool, le meurtre du chien. On procède de ses parents. C’est bien le moins de leur rendre hommage, de les voir enfin comme un homme et une femme. »

A la fois témoin et historien, l’auteur achève son livre en racontant la course éperdue de ce père pour l’existence, pour insuffler l’énergie à la mère pour qu’elle s’en sorte, elle et son enfant.

Des hommes illustres est un très beau livre : la prose est toujours là, le style toujours aussi travaillé. On sourit quelquefois, on s’attendrit souvent, on se souvient… Et on aime cette famille unie, dans une certaine France des années 1950, dans la ville de Random, quelque part en Loire-Atlantique.

Janine Dantan

Articles du même auteur

CC BY-NC-ND