« Vivre sans emploi, ce n’est pas seulement être privé de ressources financières et relationnelles, c’est aussi subir le mépris des autres. Le déclassement social et le déclassement symbolique sont deux facettes de l’exclusion : perdre ses moyens de subsistance et perdre sa dignité, vivre dans la pauvreté et être discrédité »
L’objectif de cet ouvrage n’est pas d’offrir une analyse exhaustive de l’exclusion mais de la limiter à sa forme la plus prégnante, la privation d’emploi qui en induit d’autres en cascade.
Historiquement, l’exclusion est associée à chaque époque à une figure dominante du non-citoyen : le vagabond au XVIIIe siècle, le prolétaire au XIXe et l’étranger au XXe. Elle énonce la forme actuelle de la question sociale et ses enjeux.
En France, à partir de 1980, la crise de l’emploi, l’analyse du chômage et des processus de marginalisation font apparaître la notion d’« exclusion » qui supplante celle de « nouvelle pauvreté ». Le terme s’impose dans les discours médiatique et politique. Nos sociétés fabriquent à la fois des exclus de l’emploi et des exclus par l’emploi. Les premiers sont les chômeurs et les seconds, ceux qui occupent un emploi dit hors-norme, précaire, à temps partiel, flexible, sans protection sociale.
C’est aussi l’époque où aux États-Unis, la notion « d’underclass » est au cœur des débats politiques : elle identifie les ghettos noirs et leur fort taux de criminalité.
Il existe un contenu proprement national au « phénomène d’exclusion », la manière de le percevoir et la façon de le vivre. L’auteur en rend compte avec beaucoup de chiffres très précis concernant les pays européens et aborde ensuite les politiques publiques propres à y porter remède (en particulier en France, en Belgique, aux États-Unis).
Divers scénarios sont proposés par l’auteur mais deux idées dominent : le partage du temps de travail disponible et la création d’emplois de service à la collectivité financés par la transformation des allocations de chômage en indemnités pour les prestations fournies.