191 | 2004/3Ouvrir l'horizon

« Albert Camus, dans Le Malentendu, faisait dire à une de ses héroïnes : « Si vous êtes fatiguée de votre vie, moi, je suis lasse à mourir de cet horizon fermé ». Les personnes et les familles en grande pauvreté ne meurent-elles pas, elles aussi, de cet horizon fermé dans lequel elles sont contraintes à vivre ? Comment percent-elles les murs ? Comment ouvrent-elles leur cœur et leur esprit ? A travers l’art et la création (théâtre, peinture, chant, sculpture, musique…), à travers la découverte d’un musée ou celle de la poésie, à travers la lecture mais aussi l’écriture, à travers le sport, à travers la vie spirituelle, elles manifestent leur désir de casser les frontières, d’ouvrir leur horizon. […]

Bibliothèque de rues, festival du Savoir, chorale ou atelier chant, salle de bien-être, artothèque, semaine de l’avenir partagé, participation à des rencontres spirituelles, atelier informatique… : nombreuses sont les actions qui visent à élargir l’univers de celles et ceux que la misère enferme. Nombreuses aussi les initiatives que ces personnes ne cessent d’inventer elles-mêmes.

Pour réaliser ce dossier, nous avons invité des hommes, des femmes, des jeunes à s’exprimer sur ce qu’ils puisent dans ces temps de liberté et d’ouverture. Il en ressort une sorte de mosaïque dont chaque carreau, aussi fragile soit-il, construit avec les autres la fresque d’un avenir de liberté retrouvée. La liberté, le plaisir, la rencontre : ces mots reviennent tout au long des articles rassemblés. Mais aussi le travail, l’exigence, la maîtrise ».