Revue Quart Monde
175 | 2000/3Mondialisation et pauvreté
Quels risques la mondialisation crée-t-elle pour la lutte contre la grande pauvreté ? Quelles chances saisir aujourd’hui pour renforcer demain le refus de la misère ? De quel monde s’agit-il lorsque nous parlons de mondialisation ? Est-ce bien le même pour tous ? Telles sont les questions autour desquelles ce numéro a été bâti.
Entre les deux grandes utopies de cette fin de millénaire – l’exigence des droits de l’homme et la puissante loi du marché -, le chemin semble ardu. Tandis que des liens se tissent chaque jour entre États-nations, entreprises, sociétés, une partie de l’humanité court le risque d’être durablement reléguée à l’écart des échanges croissants d’informations, de marchandises et de capitaux. Dans un affrontement sans précédent s’entrechoquent intérêts privés et publics, financiers et sociaux, tandis que se fragilisent les équilibres nationaux et que se déstructurent les sociétés.
Pour autant, la mondialisation n’est pas réductible à la brutalité d’un mouvement économique accéléré à l’échelle planétaire ; elle porte aussi en elle les germes d’une prise de conscience irréversible. Voici un demi-siècle, la Déclaration universelle des droits de l’homme a été un acte majeur de ce processus : la communauté internationale définissait un certain nombre de droits concrets, reconnus à chaque individu de la planète.
Depuis les années 80, la stratégie des institutions financières internationales vise à « normaliser » les structures économiques et sociales des pays du Sud afin de les rendre conformes aux impératifs d’une économie mondiale soumise aux normes de l’idéologie libérale. Aujourd’hui, malgré les objectifs positifs affichés, les conséquences de ces programmes d’ajustement structurel sont mises en cause, et est dénoncée l’imposture d’une mondialisation qui ne sert que les intérêts des pays du Nord. Les organisations non gouvernementales devraient lui opposer un nouvel internationalisme solidaire, mais combien d’entre elles ont réellement pris le parti des pauvres ?
C’est désormais une certitude, exprimée par les mouvements sociaux comme par les institutions internationales : pour être efficaces, les politiques de lutte contre la pauvreté doivent s’appuyer sur l’expérience vécue des plus pauvres, et viser à restituer un pouvoir de décision aux personnes exclues. Comme le suggèrent les contributions de ce numéro, la mondialisation constitue donc un défi pour chacun de nous ; elle invite à se mettre à l’école des plus pauvres pour inventer avec eux de nouvelles manières d’être, de penser et d’agir.
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Livres ouverts
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Albert Cossery, Les hommes oubliés de Dieu
Ed. Joëlle Losfeld, Paris, coll. Arcanes, 2000, 112 p. Publié pour la première fois au Caire en 1927 (en arabe, anglais et français), édité aux Etats-Unis en 1940 grâce à Henry Miller, puis en France grâce à Albert Camus (réédité en 1994 et 2000, préface de Edmond Charlot
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Annie Garnier-Muller, Les « inutiles », Survivre en banlieue et dans la rue
Ed. de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2000, 234 p.
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Alain Mabanckou, Bleu, Blanc, Rouge
Ed. Présence africaine, Paris, 1998, 228 p.
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Patricia Minuchin, Jorge Colapinto, Salvador Minuchin, Travailler avec les familles démunies
Ed. ESF, Montrouge, 2000, 248 p.
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Zygmunt Bauman, Le coût humain de la mondialisation
Ed. Hachette, Paris, Col. Pluriel, 2000, 204 p.
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Luc Adrian, Des fleurs en enfer, Fioretti du Bronx
Ed. Presses de la Renaissance, Paris, 2000, 252 p.
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Daniel Fayard, Damien-Guillaume Audollent, Combattre l’exclusion
Éd. Milan, col. Les Essentiels, 1999, 64 p.
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Mouvement des sans papiers du Loiret, Sans papiers, tu vis pas
Ed. L’Harmattan, Paris, 2000, 224 p.
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