172 | 1999/4Droit au travail et sécurité d'existence

Nos sociétés affirment simultanément le « droit au travail et au libre choix de son travail », le « droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille », et le « droit à l’éducation », par les articles 23, 25 et 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. L’accès de toute personne aux droits économiques et sociaux, ainsi qu’aux droits civils et politiques, est la condition de « l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère » (Préambule de cette même Déclaration). Dans cette perspective, les politiques de l’emploi, de la sécurité sociale et de l’aide sociale devraient se renforcer mutuellement pour ouvrir à chacun le droit au travail, à la formation, et à un revenu d’existence permettant de vivre dans la dignité.

Dans la réalité des pays occidentaux, la réglementation des assurances sociales et de l’aide sociale agit souvent contre le droit au travail et au libre choix de son travail. Elle pénalise financièrement certains de ceux qui voudraient reprendre un emploi après une période de chômage, transforme les « planchers » de ressources en « plafonds » à ne pas dépasser sous peine de sanctions et décourage l’initiative économique des populations en situation de précarité ou de pauvreté. Les politiques « d’insertion professionnelle » favorisent souvent la création de sous-statuts dérogatoires au droit du travail, privant ceux qui les occupent des garanties prévues dans les conventions collectives. Bref, les systèmes actuels de revenu d’existence semblent trop souvent agir contre le droit au travail et à l’initiative économique ou culturelle.

Dans ce contexte, certains plaident pour découpler totalement droit au travail et droit au revenu d’existence, et proposent diverses formules de revenu minimum inconditionnel, dont celle qu’on appelle « allocation universelle ». Quel est l’intérêt de telles propositions pour la lutte contre la pauvreté ?